Clémence Bourget, Graffici, Gaspésie, mars 2012
Des parents de Val-d’Espoir veulent transformer leur école de village en école alternative. Le but : offrir à leurs enfants ce modèle d’école, qui serait unique en Gaspésie. Le projet pourrait aussi assurer la survie à long terme de l’établissement.
Karine Leblanc, un des parents instigateurs du projet, apprécie les méthodes utilisées dans les écoles alternatives. « Dans ce genre d'école, tout est propice à des apprentissages parce que les projets sont tirés de la vie réelle, explique Mme Leblanc. Par exemple, les enfants peuvent construire une cabane, et toute la matière académique y passe de façon concrète : le calcul du bois et de la découpe pour les mathématiques, le bon terme pour le français, et la coupe des arbres pour les sciences naturelles. »
Les parents espèrent aussi qu'une école publique alternative attire des enfants des villages voisins, et ramène au bercail certains Val-d'Espoiriens exilés dans d'autres écoles ; école Assomption de Val-d'Espoir n'est pas menacée de fermeture actuellement. Mais le départ de seulement quelques-uns de ses 33 enfants pourrait la mettre en danger. Le succès d'une école alternative repose en grande partie sur une vie communautaire dynamique. C'est le cas à Val-d'Espoir. Les enfants y apprennent les arts textiles avec les dames du Cercle de Fermières, jardinent dans des potagers éducatifs et apprennent à cuisiner avec les ateliers «petits cuistots ». Le projet mise sur ces acquis: les thèmes de l'artisanat et de l'autonomie alimentaire seront abordés, ainsi que le plein air et l'environnement.
Dans une école alternative, les résidants du village ont d'ailleurs la possibilité de transmettre leur savoir-faire. « Toute la communauté, pas seulement les parents, sont incités à s'impliquer dans l'école », explique Madeleine Synnott, éducatrice à l'école alternative Jonathan de Montréal. À la demande des parents porteurs du projet, Mme Synnott est venue à Val-d'Espoir en janvier pour les renseigner sur la structure d'une école alternative.
Quel genre d'adulte deviendra leur enfant? Mme Synnott est d'avis qu’en explorant leurs forces et leurs faiblesses tôt dans la vie, les enfants se connaîtront davantage et feront des choix judicieux une fois adultes. « ils deviennent souvent des citoyens responsables, voire engagés », soutient-elle.
Des parents consultés par GRAFFICI demeurent craintifs quant à la réussite de leur enfant aux examens du ministère de l'Éducation. « [Les enfants des écoles alternatives] réussissent l'examen obligatoire en 6e année, qui détermine leur aptitude à intégrer le niveau secondaire », assure Mme Synnott. Les parents sont convaincus qu'une école alternative aurait du succès à Val-d'Espoir, au point de devoir même refuser des inscriptions lorsqu'elle sera en fonction. Le 11 janvier, ils ont proposé le projet à la Commission scolaire René-Lévesque, qui l'étudie avant de donner son accord.