Deuxième marathon des sans-abri : Porte-voix des exclus

Josée Louise Tremblay, L’Itinéraire, Montréal, le 15 février 2012

Les sans-abri sont trop souvent considérés comme des citoyens inférieurs aux autres et sont victimes de discrimination. C'est pourquoi pour la dixième année, CKUT, la radio étudiante de l'Université McGill, en collaboration avec d'autres stations de radios du Canada, descend dans la rue et ouvre son micro aux gens de la rue dans le cadre du Marathon des sans-abri.

Aaron Lakoff, coordonnateur de l'événement, milite contre la pauvreté depuis plus d'une décennie. Selon lui, il est déplorable qu'après tout ce temps, on n'écoute toujours pas la voix des sans-abri. « Dans les médias, on les ignore et c'est une des raisons de l'existence de cet événement. En leur ouvrant le micro, nous offrons des solutions à leurs difficultés et nous leur permettons de partager leurs expériences auprès de la population », explique-t-il. Les 14 heures de programmation du Marathon des sans-abri donnent également la parole aux travailleurs de rue et aux différents intervenants du milieu afin de discuter de cette problématique grandissante.

L'itinérance est une honte pour notre pays si riche, selon le coordonnateur : « Il faut se questionner sur les budgets alloués au ministère de la Défense. Nous pourrions donner seulement 1 % du budget fédéral annuel total aux logements et nous réglerions ce problème à la grandeur du pays. Mais la volonté politique n'est pas là ! », s'insurge-t-il.

Depuis une décennie, l'événement est bien enraciné dans la lutte pour la justice sociale, mais les itinérants doivent faire face à la répression policière et au profilage social, notamment dans le quartier des spectacles à Montréal. « Les policiers les chassent parce qu'ils ne sont pas très populaires auprès des touristes et des hommes d'affaires, selon M. Lakoff. Mais au contraire, je crois qu'il faut montrer cette réalité, ne pas la cacher et faire comme si elle n'existait pas ! » Il ajoute que les plus démunis de notre société n'ont pas seulement des problèmes d'intoxication sur la rue, mais également des problèmes de santé mentale. « Ce n'est pas une raison pour les abandonner, leur faire subir de la discrimination ou les maltraiter ! »

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