Des citoyens impliqués dans leur communauté

Mathieu Max-Gessler, La Gazette de la Mauricie, Trois-Rivières, février 2012

Lorsqu’on y arrive depuis Trois-Rivières, Saint-Boniface a tout du traditionnel village québécois : son église, son épicerie locale, son restaurant… Difficile d’imaginer que la municipalité d’un peu plus de 4 000 âmes côtoie Shawinigan, 13 fois plus peuplée, d’aussi près : à peine une dizaine de kilomètres les séparent. Loin d’être une simple banlieue, cette municipalité accueillante possède une histoire riche qui traduit bien la solidarité de ses habitants.

C’est la proximité de la ville qui donne le ton au caractère des habitants de Saint- Boniface, selon André Houle, qui y réside depuis 1942. « On a une mentalité qui est semi-rurale, semi-urbaine, les gens y trouvent le juste milieu, explique-t-il. Il y a une joie de vivre à Saint-Boniface, les gens se parlent facilement. Il n’y a pas beaucoup de stress social. »

À l’instar de Saint-Étienne-des-Grès, Saint-Boniface a connu les belles années du chemin de fer. « On allait le voir passer, on mettait des cents noires sur la voie pour les aplatir, raconte M. Houle avec humour. Quand on voyait arriver cette masse de ferraille-là, on regardait le monde descendre, c’était magique. Et une fois par année, le Père Noël arrivait par le train. Le village se déplaçait à la gare ! »

 

La politique déchaîne les passions…

 

La politique a toujours pris beaucoup de place à Saint-Boniface. André Houle se souvient encore des « débats oratoires » entre les deux partis de l’époque, l’Union Nationale de Maurice Duplessis et le Parti Libéral du Québec. « Les gens étaient tellement survoltés par la politique que souvent, la chicane pognait et ça prenait un matamore pour retenir chacune des deux gang. Puisqu’on est proche de la ville de Shawinigan, il y avait beaucoup d’ouvriers dans les usines, donc des ouvriers qui étaient sensibilisés à la cause syndicale. »

Cette forte partisanerie a d’ailleurs mené à une pratique bien singulière. « Quand les élections arrivaient, on faisait brûler des bonhommes de paille, explique M. Houle. Les gagnants se promenaient dans le village avec des bonhommes de paille représentant le candidat perdant. Ils allaient en face de sa maison. »

 

Une population au secours de son église

 

L’histoire de Saint-Boniface est intrinsèquement liée à celle de son église. « On a passé notre enfance à l’ombre du clocher, se remémore André Houle. À l’école, c’était la religion qui nous dictait quoi faire. Au Carême, on allait à la messe tous les matins, le mois de Marie, c’était le chapelet tous les soirs, le mois du rosaire, on allait à l’Église tous les soirs : on a été élevé au pied de l’autel ! »

La domination de l’Église n’a toutefois pas chassé les fidèles. Alors que nombre de lieux de cultes ferment leurs portes faute de financement – ou risquent de le faire – celui de Saint-Boniface, construit en 1923, a été sauvé d’un tel sort par la mobilisation de ses paroissiens. Face à un déficit anticipé de plus de 10 000 dollars, les marguillers, responsables de l’administration de l’église, ont mis sur pied un comité culturel pour transformer cette dernière en salle de spectacle, tout en conservant sa vocation religieuse. Selon André Houle, qui a d’ailleurs fait partie du comité, la foi n’est pas la seule force motrice de ce mouvement de soutien envers l’institution. « Les gens ont embarqué plus qu’on ne le pensait là-dedans. Ils vont à l’église pas seulement pour la religion, aussi s’ils aiment bien le curé. Nous, on en a un bon, les gens l’apprécient beaucoup et il y a eu un retour à l’église. » Aujourd’hui, le déficit est résorbé.

 

Une municipalité en mouvement

 

La situation géographique de Saint-Boniface a attiré nombre de jeunes familles. Selon le maire du village, Claude Caron, une quarantaine de nouvelles résidences poussent sur son territoire chaque année. Le secret : un climat de vie agréable, affirme André Houle. « Les gens gagnent assez pour bien vivre, les maisons sont abordables et Shawinigan et Trois-Rivières sont proches. »

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