André Chrétien, Le Pont de Palmarolle, février 2012
Larousse nous dit qu'un chauffeur c'est celui qui conduit un véhicule motorisé. Une chauffeuse ce n'est pas le féminin de chauffeur, c'est une chaise rembourrée et confortable pour se chauffer au coin du feu. Comme chauffeure n'apparaît pas encore dans le dictionnaire, je vais vous parler aujourd'hui de conductrice qui est synonyme de chauffeur au féminin.
Maintenant, sur la route, quand vous croisez un autobus scolaire, vous remarquez sans doute que c'est le plus souvent une femme qui est au volant. Eh oui ! Les rôles sont inversés, dans ce domaine comme dans bien d'autres, les femmes ont, avec brio, pris la place des mâles et c'est sans doute pour le mieux.
Pour en savoir plus sur cette profession, j'ai rencontré madame Marjolaine Chabot qui, après avoir vendu son commerce à Palmarolle, a opté pour ce rôle il y a quatre ans. C'est avec enthousiasme qu'elle m'a accordé une entrevue, car elle adore ce nouveau travail. C'est à elle que la firme Transport Bégin inc. a confié le circuit de 65 kilomètres dans les limites de Palmarolle, ce qui exige trois heures de conduite quotidiennes, une heure et demie le matin et le soir. Qu'est-ce· qui l'a amenée à ce bouleau quotidien ?
Après la vente de son dépanneur, Marjo se cherchait un job qui lui permettrait de garder contact avec les gens tout en lui laissant du temps libre dans la journée, les fins de semaine et l'été. C'est sa soeur Ginette qui conduit des autobus depuis 35 ans qui lui a suggéré cet emploi qui était alors disponible.
Ma première réaction, dit-elle, fut de répondre : « Ben voyons donc, je ne suis pas capable de faire ça ! » Après elle s'est dit : « Pourquoi pas, d'autres le font, pourquoi pas moi ? » Elle a donc posé sa candidature et, bien sûr, on lui a rendu une réponse positive.
Après avoir suivi la formation exigée, elle, a obtenu les permis obligatoires et, dès son premier parcours elle a eu la « piqûre » et depuis ce temps, c'est le bonheur matin et soir quand elle s'assoit derrière le volant.
Ce qu'elle apprécie par-dessus tout, c'est le contact quotidien avec les enfants et les adolescents. Faire respecter les consignes et les règlements c'est chose facile pour elle, grâce aux bonnes relations qu'elle entretient avec ses 50 passagers qui montent dans son « grand jaune » tous les jours. Un bonjour, un salut, un petit mot adressé à chacun, cela fait toute la différence. Les jeunes le lui rendent bien, eux aussi ; ils savent lui dire bonjour et merci. Plusieurs de ses « anciens passagers » la saluent quand ils la rencontrent : petite marque de reconnaissance qui fait plaisir. Les rares fois où elle a préféré téléphoner aux parents, plutôt que de donner un billet de mauvaise conduite à l'enfant, elle avoue avoir eu la collaboration entière de ces derniers et les problèmes se sont vite réglés à l'amiable.
Un autre aspect positif du métier c'est cette fraternité et cette camaraderie qui existent entre les conducteurs, elle a beaucoup appris de ses collègues, certains et certaines ont plus de dix et même quinze années d'expérience et, dit-elle, ils ne sont pas avares de conseils et de précieux renseignements, elle avoue avoir beaucoup appris de leur part.
Un moment bien apprécié de tous, c'est la rencontre au restaurant de Palmarolle tous les mercredis matin, on placote, on s'échange des anecdotes, on s'informe du vécu de chacun… c'est un bon moyen de garder contact entre eux. Voilà en résumé le témoignage que m'a apporté Marjolaine. Elle a ajouté à la fin de notre entrevue que ce qui donnait le plus de valeur à son nouveau métier, c'est de comprendre que le « chargement » que tu transportes c'est ce qu'il y a de plus précieux au monde : ce sont les enfants des parents de Palmarolle.