Tournage du 1er long-métrage d’Éric Morin : Malgré le « frette », il y a Godard

Ariane Ouellet, L’Indice bohémien, Rouyn-Noranda, février 2012

En février, le quartier du Vieux-Noranda deviendra le théâtre d'un événement cinématographique rare et de grande envergure. Avis aux habitants du voisinage, le réalisateur abitibien Éric Morin et son équipe envahiront les lieux pendant près d'un mois pour le tournage intégral de son premier long-métrage, Chasse au Godard d'Abbittibbi.

En quête profonde de changement, deux jeunes sont déchirés entre le désir de partir et celui de rester dans leur terre natale. Le sujet du film, bien qu'étant universel, est bien ancré dans la réalité abitibienne. Un film qui parle aussi de la découverte de la vidéo, de création et de questionnement identitaire, inspiré par le passage historique de Jean-Luc Godard à Rouyn-Noranda en 1968.

Cet aspect du projet représente un défi de taille pour l'équipe, qui devra recréer le Noranda de l'époque. La population sera d'ailleurs mise à contribution en prêtant voitures anciennes, maisons et objets divers. Pour Éric Morin, le tournage devait avoir lieu en région d'abord à cause du sujet. « Même si c'est plus complexe de tourner ici, c'est le bon moment pour faire un long-métrage en Abitibi. Même s'il y a moins de lieux disponibles qu'à Montréal, il y a du monde compétent, du talent et un accueil exceptionnel. Ça fait plus d’avantages que d’inconvénients. »

Selon Alexandre Castonguay, qui joue un des rôles principal dans le film, « il y a trois choses qui découragent les producteurs de cinéma dans la vie : les films d’époque, les films en région et les films d’hiver. » Pourtant, Morin a réussi à obtenir le financement nécessaire à la réalisation de ce projet auquel il rêvait depuis près de 15 ans. Sans doute que le succès qu’a obtenu son court-métrage Opastica (aussi un film tourné à Rouyn-Noranda en hiver) dans différents festivals importants à travers le monde lui a-t-il ouvert des portes.

Pourquoi Éric Morin a-t-il choisi Alexandre Castonguay comme personnage principal ? « Pour l'authenticité. Le personnage a été écrit pour lui, il porte son questionnement, sa quête, son choix de vivre en Abitibi et d'être comédien. » De son côté, Alexandre raconte : « Quand j'étais jeune et que mes parents se sont séparés, mon voisin à Rouyn c'était Dominic Leclerc (avec qui il a tourné l'été dernier Alex, marche à l'amour), et mon voisin à Noranda c'était Éric Morin. On a donc les mêmes références de jeunesse. C’est drôle le hasard ! »

Éric Morin a découvert sa passion pour le cinéma au Cégep de l'Abitibi-Témiscamingue. Il a fait quelques détours par la musique avec le groupe Gwenwed, avec son acolyte Philippe B. tout en faisant des études en cinéma à l'Université de Montréal et Concordia. C'est surtout à la télé qu'il a fait ses armes comme réalisateur et concepteur, avec des émissions comme Prend ça court, Bande à part, La liste et Mange ta ville, avec laquelle il a gagné plusieurs Gémeaux pour la meilleure réalisation magazine. Plus récemment, il a réalisé Ils dansent avec Nico Archambault. Loin de nuire à son travail personnel, la télévision lui a permis d'apprendre le métier. « J'ai pu faire de la télé que j'aime avec des producteurs d'une grande sensibilité artistique. Je me considère chanceux », confie Éric Morin en parlant de son parcours professionnel, même si on sait que la chance n'arrive pas sans une bonne dose de travail.
 

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