Marie-Josée Richard, Graffici, Gaspésie, février 2012
Pour Gabrielle Bücheler, travailleuse de milieu pour Unis-Vers Jeunes dans l’est de la Haute-Gaspésie, une journée type, ça n’existe pas ! « Il n'y a jamais une journée pareil ! », insiste Gabrielle Bücheler, surnommée « Gaby ».
« Je vais là où les jeunes de mon secteur se trouvent. » Résultat ? La dame jongle avec un horaire atypique, aux antipodes du traditionnel 9 à 5. Elle travaille généralement du mardi au dimanche et est active surtout en soirée et les fins de semaine. Son rôle est de soutenir les 200 jeunes de 11 à 17 ans qui résident entre La Martre et Rivière-Madeleine. « Je fais de l'écoute active, dans le but d'accompagner les jeunes dans ce qu'ils vivent », explique-t-elle. Contrairement à une travailleuse sociale, elle ne fait pas de suivi formel avec les 150 à 160 jeunes qu'elle fréquente sur une base régulière.
« Je dois être un peu partout en même temps ! plaisante-t-elle. Je peux avoir une réunion en matinée avec la coordonnatrice d'Unis-Vers Jeunes à Cap-Chat, puis dîner avec des jeunes de mon secteur qui fréquentent la polyvalente de Sainte-Anne-des-Monts. En après-midi, je peux m'arrêter à mon bureau de La Martre pour prendre mes courriels, avant de terminer ma journée avec des jeunes à Gros-Morne ! »
« Règle générale, je visite pas mal tous les villages de mon secteur chaque semaine, mis à part Rivière-Madeleine car c'est loin (à 80 km de La Martre, où elle réside) et il y a peu de jeunes, commente-t-elle. Je vais certainement une fois par semaine à Gros-Morne, parfois deux, selon les activités et les besoins. » Sa Corolla fait donc bien du millage.
Gaby rencontre les jeunes à l'école, dans la rue, sur la plage, au dépanneur. Il lui faut aussi cogner aux portes des maisons. C'est que dans son secteur, il n'y a aucun lieu de rassemblement, telle une Maison des jeunes. Après avoir obtenu le « ok » des parents, elle passe la veillée à « chillef » (relaxer) avec les jeunes.
« J'embarque aussi dans ce qui est organisé par des organismes du coin, comme des activités sportives ou de loisirs, pour participer, voir les jeunes ou les encourager. Il s'agit d'être là. C'est important aussi que je sois visible auprès des parents, des intervenants et des élus, pour qu'ils me connaissent. »
Gaby tient à faire sortir les jeunes de leur village pour briser l'isolement. Elle les transporte en voiture d'un village à l'autre quand cela lui est possible ; par exemple, le jeudi soir, elle fait généralement le chemin La Martre-Gros Morne… de quoi embarquer quelques jeunes. Une sortie organisée à Rimouski ? Le banc du bus est tout indiqué pour jaser en toute discrétion. « Dans les transports, ça me permet d'avoir du temps privilégié avec les jeunes, de créer des liens… parfois des confidences peuvent venir. » Ce qui les met en confiance : elle prône le non-jugement et assure une confidentialité absolue… motus et bouche cousue !
Des jeunes organisent un party ? Il est à parier qu'elle y sera, en toute sobriété. Et elle y sera la bienvenue, de surcroît. « Je ne vais pas là pour faire de la discipline, pour faire respecter des règles ; mon rôle n'est pas de cautionner, mais je peux minimiser certains comportements à risque, montrer le bon exemple. » Pour bien des jeunes, Gaby est plus qu'une amie…