Louise Guertin, Le Journal des citoyens, Prévost, le 19 janvier 2012
Expert en botanique pour le Comité régional de protection des falaises, Denis Paquette a découvert l’escarpement des falaises en 1977, au même moment où il faisait construire sa maison à Prévost. C’est en marchant dans la forêt, en escaladant les parois rocheuses près de chez lui, que commencent l’aventure et sa passion pour la botanique. Passeur de son savoir, chaque mois, il guide des citoyens intéressés à travers les falaises, leur faisant découvrir la flore et partageant son enthousiasme pour la nature, tout près.
Sciences dans la nature
Après un doctorat en chimie, il est nommé en 1970, professeur au Cégep de Saint-Jérôme. Il aime enseigner, mais dès 1974, il est à la recherche d’un loisir qui lui permettra de profiter de la nature. Scientifique et chercheur dans l’âme, ses travaux plus pointus de recherche lui manquent. Qu’à cela ne tienne, il fera la jonction entre ses deux champs d’intérêt et choisira la botanique comme loisir.
Botanique extrême
En 1980, il fait partie d’une petite expédition scientifique à la terre de Baffin, au parc national de Auyuittuq pendant lequel il prendra près de 800 photos. Il en gardera 200 pour faire une présentation qui sera suivie par des invitations et de nombreuses conférences sur le sujet.
En 1984, il fera une expédition au mont Albert, en Gaspésie, sur les traces du frère Marie Victorin, fondateur en 1931 du Jardin botanique de Montréal. Il prépare son voyage en étudiant les textes et recherches faites par le pionnier et auteur de la Flore laurentienne. C’est également en 1984 que son intérêt pour la botanique et non l’horticulture se précise. Il joint FloraQuébéca. Fondé par madame Gisèle Lamoureux, ce groupe a comme mandat la connaissance, la promotion et surtout la protection de la flore et des paysages.
Les falaises, une flore unique
Il identifie rapidement dans le parc des falaises, des plantes non répertoriées dans la Flore laurentienne. En 1984, il identifie des crucifères rares. Sa découverte intéresse les experts. Comme il le dit lui-même, : « C’est en 1984 que le travail sérieux commence ».
En 1987, il fait paraître, avec André Sabourin, une première publication scientifique sur les plantes rares des falaises. L’article intitulé « Les plantes d’intérêt phytogéographique de l’escarpement de Shawbridge (Prévost)» est publié dans la revue Le naturaliste canadien (revue créée en 1868 par l’abbé Provancher).
En 1996, il rencontre Claude Bourque et se joint au Comité régional pour la protection des falaises (CRPF) comme expert de la flore. Il continue à faire l’inventaire de la flore sur la réserve Alfred B. Kelly. Il y a répertorié quelque trente-cinq espèces d’arbres et il en est à vingt-neuf espèces d’arbrisseaux et plantes ligneuses.
Passeur enthousiaste de son savoir
Il milite en faveur d’une meilleure connaissance de nos milieux naturels. Chaque mois, il invite les gens intéressés à faire une excursion guidée de la Réserve. Il réussit à partager son enthousiasme pour la flore, même l’hiver par temps froid et humide. Début janvier, autour du lac Paradis, il guidait le groupe vers un sous-bois de pruches (tsuga), racontant l’histoire de cet ensemble, pointant vers les arbustes, donnant leur nom, expliquant leurs caractéristiques, répondant aux questions avec un plaisir manifeste.
Protection
Pour ce passionné, l’escarpement est un secteur exceptionnel recelant quelques plantes rares qu’il faut préserver. Il s’inquiète du nombre croissant des grimpeurs qui escaladent les murs de glace l’hiver. Le danger croît avec le nombre de grimpeurs de voir piétiner et détruire quelques plantes rares qui poussent sur l’escarpement.
Qu’est-ce qu’on nomme une plante rare ? C’est une plante qu’on a vue moins de vingt fois sur le territoire du Québec. Dans la province, on a répertorié au total 2 916 plantes ; 377 sont sur une liste de surveillance, car désignées, susceptibles d’être menacées ou vulnérables. Seulement six ont été désignées et donc protégées par la loi. Il est en faveur avec la vision du CRPF de rendre accessible le territoire du parc des falaises (réserve Alfred B. Kelly). « C’est bien, mais ce ne sera jamais un parc urbain et il faut également préserver les milieux et les plantes menacées ».
La flore, sous bonne garde
Si vous le croisez lors d’une promenade dans la Réserve, prenez le temps de faire un bout de chemin avec lui. Il réussira, à coup sûr, à vous transmettre son enthousiasme pour la nature qui nous entoure.