Joanna Fontaine, Le Journal des citoyens, Prévost, janvier 2012
Au retour de la première récréation du 14 décembre, les élèves de l’école Prévost de Saint-Jérôme, accompagnés de leurs enseignants, assistent à la présentation du projet artistique qui les anime depuis le début de l’année : Feu verre sur terre : création d’une verrière collective. Sagement regroupés dans le gymnase, ils écoutent les adultes parler de fierté, d’innovation et de détermination avant la tenue de l’atelier de verre tant attendu.
Caroline Hébert, artiste professionnelle mène le projet depuis plusieurs mois, en collaboration avec Roch Lanthier, sculpteur prévostois. Ayant exercé le métier d’enseignante d’anglais, elle a su établir un contact franc et chaleureux avec les apprentis artisans.
Visiblement émue, elle s’adresse aux enfants, assis en indien devant elle : « Vous m’avez alimentée depuis le début. On trouve des solutions quand on est engagé, car on a une responsabilité. J’en ai une envers vous… Chacun de vous est important et c’est à vous de laisser votre trace. Un conseil d’amie : faites ce que vous aimez faire avec passion et détermination, car on ne sait jamais ce que la vie nous réserve ».
Monsieur Yanick Bourque, enseignant et instigateur de l’idée, salue le courage de l’artiste : « Durant un an, on a cherché des façons de faire. Chercher du budget. Dans les moments plus difficiles, Caroline restait déterminée. Elle a su naviguer au travers des problèmes, pour trouver les solutions et rendre le tout possible ». Il poursuit son allocution en exprimant ses motivations profondes : « J’ai réalisé que les enfants on beaucoup de choses à dire. Ils ont leurs opinions sur l’environnement et sur la paix sur terre. Ce grand dessin exprime nos valeurs et est une belle tribune ».
« Ils ne réalisent pas l’ampleur du projet », exprime Mme Ariane Gaudreault, directrice de l’école. Enchantée, elle commente une fresque de gouache multicolore qui orne un long corridor : « La totalité des 340 enfants participent au projet. Chacun à son morceau », ajoute-t-elle. L’œuvre affichée représente une des nombreuses étapes d’exploration visant à familiariser les enfants à la démarche de Caroline Hébert.
Lors de l’atelier, les élèves s’exécutent avec dévotion. Ils parlent avec aisance des résultats escomptés : « Tu vois, partout où je fais mes dessins avec de la colle, ça va rester translucide ». Jadis utilisée pour les vitraux des églises, la grisaille est une peinture cuite. Ce procédé servira à immortaliser les centaines de mots choisis par les enfants. Assemblés, ces mots formeront une énorme empreinte digitale. Une métaphore évocatrice d’un désir de marquer le paysage régional.
L’aboutissant de la démarche sera inauguré en avril 2012. L’oeuvre, composée de six verrières, elles-mêmes divisées en plusieurs sections (une pour chaque élève), totalisera 100 pieds carrés. Le public pourra admirer le tout en passant devant l’organisme ICI par les arts. Caroline Hébert mise sur la pérennité de sa structure de verre afin de bâtir un patrimoine culturel à Saint- Jérôme et, par le fait même, l’intégrer dans le quotidien des citoyens.
Pour madame Jennifer Cooke, directrice générale d’ICI par les arts, les objectifs visés par le projet de verrière collective, répondent en tout point à la mission de l’organisme en touchant à deux volets : la promotion de l’art dans les écoles et la médiation des arts qui concerne l’aspect social et communautaire. « Il s’agit de créer un “pont” pour rendre la culture plus accessible. Développer la créativité des enfants est important aussi bien dans le domaine des arts que dans tout autre domaine. Cela peut faire une différence dans la lutte au décrochage scolaire », témoigne Jennifer Cooke. Elle se dit ravie d’accueillir l’œuvre de Caroline Hébert, car l’organisme rénove justement ses infrastructures et cette acquisition embellira l’édifice du 712, rue Saint-Georges.