Jü : Un art comme du bon pain

Marie-Josée Richard, Graffici, Gaspésie, janvier 2012

Tout ce qui sort des fourneaux de Julie Fournier, alias Jü, se vend comme des petits pains chauds. L’artiste designer verrier, qui crée divers produits du verre à partir de son atelier en Haute-Gaspésie, semble avoir trouvé la recette pour faire lever la pâte.

Depuis 2004, l'artiste conçoit des objets originaux faits à partir de verre fusionné: des bijoux (des boucles d'oreilles surtout, mais aussi des broches, des bagues et des colliers), des assiettes décoratives, des mobiles, des miroirs et des lampes. Celle qui ne se destinait pourtant pas à ce métier, par un début d'études en technique dentaire et en photographie, se dit chanceuse de pouvoir vivre «amplement» bien de son art.

«Je trouve amusant de créer des boucles d'oreilles, admet-elle. C'est aérien, coloré, en mouvement, en équilibre … et ça demande beaucoup de créativité! » La série, baptisée Les imparfaits font la paire (25$ plus taxes), propose deux boucles d'oreilles différentes, mais appareillées par leur couleur et leur longueur … idéal pour qui cherche l'asymétrie sans faire le deuil de l'harmonie. Ses trios (30$ plus taxes), Les imparfaits sont uniques et connaissent aussi beaucoup de succès. «Si on en perd une, on n'est pas mal pris! » lance Jü à la blague.

Ce que l'artiste de 38 ans aime le plus, c'est de confectionner une lampe, plaisir qu'elle s'accorde environ dix fois par année. «Je ne connais personne qui fait des lampes structurales comme les miennes. Généralement, on utilise un moulage; moi, c'est plutôt  comme si je faisais une sculpture.» Elle mêle avec adresse du verre dépoli, du bois de grève et du fer récupéré, pour former une œuvre abstraite, mais parfois figurative, tel un oiseau.

«Chacune a une personnalité distincte, une signification qui lui est propre, raconte celle qui s'inspire directement de sa vie pour accoucher d'une oeuvre. Vendre une lampe! c'est comme donner un enfant en adoption, ça me déchire!» À ce jour, ses lampes, d'une valeur moyenne de 550$, ont trouvé refuge dans pas moins de 90 foyers.

L’artiste compte une quinzaine de points de vente au Québec et assiste chaque année à des salons des métiers d'art, dont ceux de Québec, Rimouski, Cap-Chat et Maria. Depuis l'été dernier, elle expose ses produits à sa boutique, «une caravane de gitan au design contemporain» campée sur la rue de la Chapelle à Cap-au-Renard. On en trouve aussi à la boutique Poffettanshinn à Sainte-Anne-des-Monts, au Serpent à Plumes à Carleton-sur-Mer et au Musée de la Gaspésie à Gaspé.

Jü caresse l'ambition – outre de faire beaucoup de ski télémark cet hiver – d'apprendre à souffler le verre et à forger le fer. Ses créations risquent encore de prendre du galon. Une artiste à suivre, pour le plaisir des yeux. Pour en savoir plus, consultez Jü Design Verrier sur Facebook.

classé sous : Non classé