Souhaits pour 2012

Catherine Girouard, L’Itinéraire, Montréal, le 1er janvier 2012

L’augmentation des prestations d’aide sociale, la multiplication des logements sociaux et abordables, l’ouverture de sites d’injection supervisés au Québec, la fin de l’isolement et de la marginalisation de plusieurs d’entre nous, une vraie justice sociale, une meilleure santé mentale pour notre société, un rééquilibre économique, la fin de la faim… ma liste de souhaits pour 2012 est beaucoup trop longue. Je dois me rendre à l’évidence : il est impossible de les réunir tous sur une seule page ! J’en partage donc quatre avec vous. Quatre enjeux qui ont fait les manchettes en 2011, et qui, je l’espère profondément, ne seront pas relégués au placard à balais cette année. Il en va de la santé de notre société.

 

Intimidation zéro

 

L’intimidation à l’école est un problème grave et bien réel. La triste histoire de Marjorie Raymond, qui s’est enlevé la vie à 15 ans en novembre dernier parce qu’elle était victime d’intimidation dans son école, en Gaspésie, est une autre preuve que cette réalité ne doit pas être prise à la légère. Le nombre de jeunes victimes n’est pas négligeable non plus. Une scène d’intimidation se produirait toutes les sept minutes sur le terrain de jeu des écoles primaires canadiennes1. Au secondaire, de 10 % à 15 % des jeunes du pays disent être victimes d’intimidation au moins une fois par semaine2. Pour 2012, je souhaite que nous prenions la responsabilité sociale de lutter contre l’intimidation chez les jeunes, et que des initiatives de sensibilisation comme celle de la Fondation Jasmin Roy se multiplient.

 

Couper l’herbe sous le pied à la pauvreté

 

On l’a vu en 2011 par des actions citoyennes comme la pétition demandant une présence policière accrue dans le village gai : les citoyens en ont marre de voir la pauvreté gagner du terrain. Mais pour s’attaquer au problème correctement, il est essentiel de le comprendre afin de choisir les solutions adéquates. Il faut cesser de demander des investissements dans des actions axées sur la répression, et aller plutôt vers la prévention et le curatif. Pour 2012, je souhaite qu’on se mobilise tous pour demander aux gouvernements d’aider davantage les organismes communautaires, qui sont actuellement les seuls à apporter réellement des solutions à la pauvreté, mais qui sont malgré tout maintenus dans un état de survie désespérant. Nous l’avons souvent répété et je le répète encore : tant qu’une politique en itinérance adéquate ne sera pas mise en place, on ne pourra que constater une croissance du nombre de personnes en détresse… et de citoyens désespérés !

 

Une éducation accessible

 

La hausse des frais de scolarité a souvent fait les manchettes en 2011, et elle continuera de faire couler beaucoup d’encre et brandir beaucoup de pancartes en 2012. Il est essentiel de ne pas perdre les acquis que nous avons au Québec. Augmenter les frais de scolarité aura nécessairement un effet sur l’accessibilité aux études supérieures. On le sait : l’éducation est la base d’une société en santé et est un fort outil de lutte contre la pauvreté. Alors que le décrochage scolaire chez les jeunes est un réel problème chez nous (en 2010, 23,5 % des Montréalais de plus de 15 ans n’avaient pas de diplôme d’études secondaires), il ne faudrait surtout pas que le décrochage commence à faire plus de dommages dans nos cégeps et universités parce que le portefeuille des étudiants n’est plus assez bien garni pour leur permettre d’étudier. Bon nombre d’entre eux en arrachent déjà suffisamment financièrement.

 

L’indignation au rendez-vous

 

« Sans l’indignation, on s’habitue à faire le bien à la place de la justice sociale. » Ces mots de l’abbé Pierre (qui terminent tous les courriels de Nicole Jetté, du Front commun des assistés sociaux du Québec), doivent être entendus. Le mouvement des indignés, malgré ses imperfections, aura été, je l’espère, le début d’un grand mouvement de changement chez nous et à travers le monde entier. Notre monde tel qu’il est, et plus précisément notre système économique, laisse de plus en plus de gens en marge. Je souhaite que 2012 soit une année de consolidation de ce mouvement d’indignation. Qu’on sorte de notre individualisme pour réfléchir et agir ensemble afin d’en arriver à un projet de société responsable et humainement digne, comme le dit si bien L’Œuvre Léger.

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