Combattre le décrochage scolaire

Caroline Martinez, Le Monde, Montréal, décembre 2011

Saint-Michel est considéré, selon des statistiques de la Direction de santé de publique, comme l’un des territoires les moins scolarisés à Montréal. 38,8% de la population n’a pas obtenu un diplôme d’étude secondaire en 2011. Au regard de ces chiffres, il semble urgent de prévenir ce décrochage scolaire. Le huit décembre était l’heure d’un Grand rendez-vous organisé par le Comité ad hoc en persévérance scolaire de Saint-Michel dans le but d’échanger avec l’ensemble des partenaires sur les constats et les déterminants de cette évolution.

Pierre Durocher, de Vivre Saint-Michel en Santé, nous explique que « les motivations du projet ont été portées par une rencontre avec tous nos partenaires en janvier ». Le thème a commencé à sensibiliser et le Grand rendez-vous voulait «  amorcer une réflexion ». Les nouveaux acteurs de ce thème sont « les Commissions scolaires, les parents… C’est un problème social donc ça concerne à la fois les acteurs privés et publics », soutient Pierre Durocher.

« La persévérance scolaire est à la base même de la réussite scolaire. Elle s’appuie sur la valorisation des études, la motivation et l’investissement des élèves », définit le Comité ad hoc en persévérance scolaire de Saint-Michel. Ainsi, l’objectif est de parvenir à cette persévérance et à combattre le décrochage.

Claude Doyon, coordonnateur au développement des communautés et santé publique au CSSS de Saint-Léonard et Saint-Michel explique que le décrochage « commence dès la petite enfance. C’est le fruit de plusieurs évènements ». Les non diplômés sont pénalisés à plusieurs égards : ils sont davantage gagnés par la dépression, et une plus grande proportion d’entre eux font partie de la population carcérale. C’est pourquoi il y a une véritable «  responsabilité populationnelle qui amène à reconsidérer le projet pour toucher l’ensemble des jeunes ».

Prévenir le décrochage scolaire consiste d’abord à travailler sur les déterminants qui ont un impact sur l’évolution scolaire des jeunes fréquentant les écoles de Saint-Michel. Claude Doyon référencie cinq déterminants : «  la valorisation de l’éducation, le lien école-famille, les compétences parentales, le climat scolaire et les conditions socio-économiques ».

Ainsi différents ateliers avec les partenaires ont été organisés lors de cette journée pour cerner les enjeux du décrochage et réfléchir à de nouvelles pistes d’action. Plusieurs idées ont été retenues : «  il faut obtenir la participation de tous : famille, personnel scolaire et institutionnel ; sensibiliser les intervenants à ce que vivent les jeunes, éloigner la barrière de la langue, et adapter le système scolaire en fonction des aspirations des jeunes ». Poursuivre la réflexion-action, et travailler sur les déterminants devient donc une priorité pour prévenir le décrochage scolaire.

Quelles seront donc les retombées ce Grand rendez-vous ? «  On veut que les gens se reconnaissent comme partenaires, qu’ils réfléchissent vraiment à la question. L’idée est d’avoir un plan de quartier en 2012». La réflexion amorcée, l’objectif est maintenant d’aboutir les pistes énoncées.

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