Héritage patrimonial et religieux dans les Basques : Les croix de chemin

Marjolaine Jolicoeur, L’Horizon, presse coopérative des Basques, Saint-Jean-de-Dieu, décembre 2011

On passe devant elles, parfois sans les voir. Points de repère le long des routes, à la croisée des chemins ou en haut d’une montagne, les croix de chemin jalonnent depuis fort longtemps nos paysages ruraux. Symboles religieux, patrimoniaux ou culturels, elles font partie de la mémoire collective des Basques.

Dans l’ouvrage « Les croix de chemin dans la MRC les Basques », édité par la Société d’histoire et de généalogie de Trois-Pistoles, l’auteur Paul-André Ouellet a recensé minutieusement chacune d’entre elles. En sauvegardant ces croix, écrit-il, «nous conservons des témoins des gens qui nous ont précédés, des témoins de la vie qui les animait et des traditions qu’ils entretenaient. »

Ces croix ont été très souvent entretenues par des particuliers mais aussi par les Chevaliers de Colomb. On en dénombre près de 59 sur tout le territoire des Basques. La majorité d’entre elles existaient en tant que lieu de dévotion, souvent dans des rangs qui étaient éloignés de l’église. On s’y rassemblait pour demander une bonne récolte, réciter le chapelet ou prier pour une guérison ou le repos des disparus. Certaines se retrouvent dans les cimetières, mettant en scène la crucifixion instruments de la passion de Jésus (lance, éponge, marteau, clou ou échelle), comme à Saint-Mathieu de Rioux, Saint-Guy, Sainte Françoise ou Saint-Éloi.

D’autres commémorent un événement particulier. Celle de la Razade d’en Haut, faite en pierre et installée en 1930, rappelle le sauvetage de quarante chasseurs de loups-marins qui furent piégés par les glaces en face de Trois-Pistoles, le 23 décembre 1841.

Une croix votive située sur la côte ouest de Rivière des Trois-Pistoles, date de 1951. Une année avant son érection, un incendie menaçait de se propager au village. L’abbé Léo Bérubé avait alors promis de faire ériger une croix en guise de remerciement si la paroisse était épargnée par le feu.

 

Héritières d’un long passé

 

Un inventaire dirigé dans les années 70 par le professeur Jean Simard, de l’Université Laval, répertoriait 3 000 croix de chemin dans tout le Québec. L’origine de ces croix de chemin vient, en partie du monde celte : Irlande, Écosse mais plus particulièrement de la Bretagne. Leur présence, répandue au Moyen-Âge, atteindra son apogée au 16e siècle. Jacques Cartier, breton de naissance, a planté cinq croix entre Gaspé et Trois-Rivières, marquant ainsi sa prise de possession du territoire par le roi de France. Puis cette tradition s’est implantée en Nouvelle- France où tout bon catholique francophone qui passait devant une croix de chemin devait s’y arrêter pour une longue prière.

 

Un symbole universel

 

Même si elle est très présente dans l’iconographie chrétienne, la croix est un symbole commun à des traditions de tous les temps et de tous les pays. On retrouve la croix dès la plus haute Antiquité en Égypte et en Chine. Une croix de marbre datant du XVe siècle avant J.-C. a été découverte en Crète. Selon le Dictionnaire des symboles de Jean Chevalier, la croix représente la réalisation globale de l’être humain, dans toutes les possibilités qu’il porte. Souvent identifiée à l’Arbre de la vie et à l’union du ciel et de la terre, c’est le symbole du monde dans sa totalité.

 

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