Anh Khoi Do, L’Itinéraire, Montréal, le 15 décembre 2011
Oubliez la soutane, le col romain et les bancs pour se mettre à genoux. À l'Église du coin, inaugurée en septembre dernier dans le quartier Rosemont à Montréal, le décor est minimaliste. Comme certaines églises tentent aujourd'hui de le faire, son pasteur veut concilier le XXIe siècle et la pratique religieuse.
« Notre équipe s'affiche comme des Québécois ouverts aimant le hockey, la poutine et le football », nous dit le pasteur Éric Lanthier sur un ton humoristique. Ce diplômé de la faculté de théologie évangélique de Montréal a ouvert l'Église du coin, avec laquelle il souhaite reproduire le succès de l'Église baptiste-évangélique de Terrebonne. « Dans cette église, plus de 150 jeunes se réunissent chaque vendredi », clame à ses fidèles pendant la messe l'homme de 51 ans, vêtu d'un simple jean et d'une chemise.
Titulaire d'un baccalauréat en éducation préscolaire et primaire de l'UQAM, le pasteur n'est pas toujours figé derrière son lutrin. Durant la messe, il utilise des présentations PowerPoint préparées sur ordinateur. « C'est pour préserver l'environnement », dit-il, en expliquant qu'il évite ainsi la coupe d'arbres nécessaires à la fabrication du papier.
Ensuite, les fidèles se lèvent et chantent une chanson glorifiant « notre roi Dieu ». Le pasteur Lanthier joue de la guitare sèche, qu'il considère comme « un instrument typiquement québécois ». Deux guitaristes et un pianiste l'accompagnent. Son objectif ? Créer une ambiance éclatée.
Bien qu'étant un ancien blogueur et commentateur politique à WCHP Christian Radio, une station de radio religieuse américaine, Éric Lanthier évite les sujets politiques durant la messe. Il parle plutôt de sujets liés à la vie quotidienne tels que les relations parents-enfants. En effectuant des recherches, L'Itinéraire a découvert que cet ancien directeur de l'Académie chrétienne Rive-Nord, une école confessionnelle primaire à Laval, pourfendait le mariage homosexuel et l'avortement dans son ancien blogue Décentrer le discouri. Lorsque nous abordons cette question, M. Lanthier admet que « la pratique sexuelle » de l'homosexualité, par exemple, le met « mal à l'aise ». « Si des homosexuels viennent, ils sont les bienvenus. Ils ont droit à leur dignité », précise-t-il.
Le pasteur dénonce aussi le mépris religieux qui régnerait chez nous. « Au Québec, on veut laïciser l'espace public sous prétexte que la religion est une affaire privée. Aux États-Unis, les gens ne se sentent pas incommodés par la présence de la foi sur la place publique », affirme-t-il.
En fin de compte, M. Lanthier ne cherche pas à concurrencer les diverses églises « ethniques » de Montréal. Cependant, il ne cache pas son envie d'attirer, en plus des jeunes, davantage de Québécois des minorités ethniques à l'Église du coin.