Nouveau responsable du Plan Nord : Visite amère du ministre Gignac

Véronique Dumais, Le Trait d’union du Nord, Fermont, le 28 novembre 2011

La chambre de commerce de Fermont et le CLD de la MRC de Caniapiscau ont profité des nouvelles fonctions du ministre Gignac pour l'inviter à rencontrer les différents acteurs de la ville minière le 12 novembre dernier 19rs d'un diner-conférence au resto-bar le Zonix. Le ministre devait présenter une conférence intitulée « Le Plan Nord, un projet créateur de richesses pour Fermont. »

À ce diner-conférence étaient présents les membres de la Chambre de commerce de Fermont ainsi que ceux des divers organismes communautaires qui étaient venus pour en apprendre davantage sur le Plan Nord et sur l'invité, le nouveau ministre responsable de ce « chantier d'une génération».

Ayant accumulé une heure de retard sur son horaire vu ses rencontres avec les deux minières en matinée, le ministre s'est lancé dans un semblant de conférence évoquant brièvement le Plan Nord. Plutôt que d'expliquer les supposées retombées dont Fermont allait bénéficier et convaincre les plus sceptiques, M. Gignac a vanté les investissements du gouvernement libéral de Jean Charest pour le projet d'aluminerie Alouette à Sept-Îles. Rien pour encourager une discussion positive face à l'absence de l'implication financière du gouvernement du Québec pour la région de Caniapiscau.

Intéressé à connaitre les problématiques de Fermont avec l'annonce du Plan Nord, il s'est ensuivi une longue période de questions du public avec seulement cinq interventions étant donné le manque de temps. Pierre Thibodeau, président des Métallos, a questionné le ministre, ou plutôt argumenté, sur la deuxième et la troisième transformation des métaux. Il a également évoqué les coupures d'emplois à Contrecoeur. Normand Ducharme, directeur général du CSSS de Fermont a pour sa part fait réfléchir le ministre sur l'importance des soins de santé et des subventions manquantes avec l'arrivée des travailleurs du fly-in / fly-out. Denis Lizotte, entrepreneur local, a suggéré à M. Gignac la déduction d'impôt pour que les gens désirant se construire une maison puisse le faire et ainsi donner un répit à la Ville. Il a également raconté l'histoire d'une ville qui avait construit un quartier à côté de leur localité pour les employés.

Il a suggéré que Fermont suive cet exemple pour ses travailleurs. De son côté, Geneviève Lavaie de Placements Monfer, a avoué qu'il était très difficile de trouver et de conserver des employés étant donné les salaires avantageux offerts par les minières. Elle a demandé au ministre si la création de crédits gouvernementaux était possible, demande à laquelle M. Gignac a répondu un vague oui, laissant sous-entendre que madame Lavoie était sur la bonne voie. Pour conclure, Réjeanne Le Bloch d'ArcelorMittal Mines Canada, a laissé savoir au responsable du Plan Nord que Fermont, avec l'absence de grands-parents, avait un urgent besoin de places en garderie.

Après avoir survolé les défis spécifiques à Fermont, le ministre a mentionné qu'avec les salaires extraordinaires proposés par les minières, il importait peu d'obtenir des places en garderie à 7 $ par jour. Selon le ministre, doté d'une grande expérience dans le domaine de l'économie, comme les travailleurs de la MRC de Caniapiscau ont les salaires les plus élevés au Québec, tous auraient les moyens de payer des frais de garderie à 20 ou 30 $ / jour. À titre informatif, ce n'est pas tout le monde qui reçoit un salaire de plus de 100 000 $ par année. Il y a encore beaucoup de gens, particulièrement des femmes, qui gagnent 10 $ / heure ou un salaire légèrement plus élevé ne permettant toutefois pas de payer des frais de garde aussi onéreux.

À ce sujet, il a informé les gens présents que sa collègue, la ministre de la Famille Yolande James, serait informé de la situation. M. Gignac a été informé du nouveau projet de garderie en coopérative Jupettes et Salopettes et il sait qu'un document à été présenté à la ministre pour obtenir des places subventionnées à 7 $ / jour / enfant.

Questionné sur la volte-face à propos de l'aménagement forestier et de l'activité industrielle du ministre Arcand du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs, le ministre des Ressources naturelles et de la Faune a répondu que les gens ainsi que le Conférence régionale des élus (cRÉ)« n'avaient rien compris» et que l'annonce du ministre Arcand ne changerait en aucun cas ce qui était prévu pour le Plan Nord.

Le Trait d'union du Nord a profité du titre de la conférence et de la période de questions pour demander comment se faisait-il que le gouvernement libéral n'avait pas encore investi d'argent pour donner Wl coup de main financier au niveau des infrastructures et de la communauté si le Plan Nord devait être créateur de richesses pour Fermont. La réponse simple comporte deux volets: le gouvernement attend que « l'argent rentre avant d'investir» et le ministre assure qu'il y d'autres villes au Québec qui ont aussi besoin du soutien financier du gouvernement.

Pour faire avancer les dossiers, il faudra que les minières et la Ville s'allient afin de faire comprendre au gouvernement que leur aide financière est indispensable. Il faudra dorénavant se faire entendre et exposer les conséquences si le gouvernement Charest continue d'ignorer les demandes de la communauté touchée par le Plan Nord depuis mai dernier.

Une fois la conférence terminée, les gens sont repartis amers de cette visite d'un ministre envers qui les attentes étaient élevées. Les plus sceptiques n'y voyaient encore que du vent et aucune retombée ou implication de la part des élus. La CRÉ n'avait que de bons mots pour le nouveau représentant du Plan Nord et semblait avoir motivé les Fermontois à voir en M. Gignac le leader pour aider Fermont à faire le Nord ensemble. Pour l'instant, il semble que le gouvernement Charest n’ait rien à offrir pour combler les demandes des communautés.

 

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