Keven Brouillette : Un jeune musicien qui se démarque !

Marie-Pier Lemaire, Le Bulletin des Chenaux, Sainte-Geneviève-de-Batiscan, le 28 octobre 2011

Résident de Saint-Stanislas, Keven Brouillette est un adolescent passionné de musique. Contrairement aux jeunes de son âge qui s'intéressent à la guitare électrique ou il la batterie, il se concentre plutôt sur l'orgue, un instrument d'église souvent boudé par les jeunes musiciens.

Peu commun comme intérêt vous penserez! En effet, peu nombreux sont les organistes dans la MRC des Chenaux. Keven est le plus jeune d'entre eux : «À l'âge de onze ans, la chorale de Saint-Stanislas m'a approché parce qu'elle n'avait plus d'organiste et savait que je jouais du piano. J'étais intrigué. J'ai décidé d'essayer ça, d'apprendre quelque chose de nouveau! » Qui dit piano ne dit pas nécessairement orgue; des différences notables séparent ces deux mondes: « L'orgue a deux claviers minimum et comprend des pédaliers. Le son se différencie beaucoup d'un piano et la façon de jouer n’est pas la même. » En ce sens, il a dû se lancer sérieusement dans l'apprentissage de cet instrument prestigieux: « J'ai suivi des cours avec Mme Vallée, à Sainte-Anne-de-Ia Pérade, qui m'a appris la base de l'orgue.» La gestion précise de plusieurs notes et nuances simultanément est un obstacle constant : «ça demande énormément de concentration parce que tes mains et tes pieds ont chacun une tâche précise à exécuter. Déjà que le piano est difficile, là, tu dois penser à quatre affaires en même temps : où placer ta main droite, la gauche puis chacun de tes pieds. » Selon lui, trois qualités sont requises pour être un bon joueur d'orgue: «La concentration, la persévérance et l'écoute. Ça m'a pris plusieurs mois avant d'être vraiment à l'aise avec le pédalier et de coordonner mes mains et mes pieds. Je ne suis pas quelqu'un qui se décourage facilement!"

Être musicien d'église implique de baigner dans un lieu peu fréquenté par les jeunes: « Les premiers temps, j'étais timide et je ne parlais pas beaucoup. Avec le temps, j'ai appris à connaître les personnes plus âgées et je suis à l'aise avec elles. » Être l'organiste d'une municipalité demande également un investissement de temps considérable: «Irène Jacob, la directrice de chorale, me fais parvenir les pièces à l'avance. Je les pratique et les joue à toutes les messes du dimanche et quand il y a des cérémonies religieuses (baptême, mariage, funérailles, etc.). » Avec un air de fierté, ce prodige m'explique que la version de l'Ave Maria qu'il interprète à l'orgue est une ancienne version qui ne se joue pratiquement plus dans les églises. Celle de Saint-Stanislas figure parmi les rares qui persiste à faire vivre ce patrimoine exceptionnel à ces citoyens! Malgré le fait qu'il aime interpréter des pièces de musique classiques, Keven m'assure qu'il n'écoute pas nécessairement ce type de musique: «Mon i-pod n'est pas pour autant rempli de Beethoven! J'ai longtemps écouté Les Colocs.» Ayant toujours poursuivi son perfectionnement du piano, Keven se tourne aujourd'hui vers le Conservatoire de musique de Trois-Rivières: «Je donnerai mon premier concert de piano, à l'occasion de Noël. Je serai avec d'autres jeunes pianistes de mon âge. Ça va être une expérience différente! »

À la fin de l'entrevue, ce jeune talentueux me réserve une surprise de taille : celle de me faire essayer le grand orgue, nichée sur la haute galerie de l'église. Instantanément, dès les premières notes, de puissantes émotions alliant nostalgie et bien-être se font ressentir. Contrairement à ceux qui jugent la musique sacrée comme étant ennuyante, Keven la qualifie plutôt de rythmée et vivante. Si l'on considère que l'appréciation de ce type de mélodie suppose une intériorité, une méditation et une maturité importante, il est agréablement surprenant de rencontrer un jeune possédant tous ces qualificatifs. Ce n'est pas peu dire, l'orgue Casavant de l'église de Saint-Stanislas a pris un coup de jeune depuis les dernières années!

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