Anne-Michelle Caty-Vermette, Vague Locale, Blanc-Sablon, octobre 2011
Un titanesque thon de 705 livres, voilà ce qu'ont pêché cet été deux pêcheurs de Blanc-Sablon, Ivan Etheridge et Barry Hart. Un thon de cette grosseur est inhabituel en Basse-Côte-Nord, ce qui a créé une vague de curiosité et un vent de problèmes légaux.
Ne pêche pas un thon qui veut en étant pêcheur. « Je suis pêcheur depuis 27 ans. Je pêche habituellement du homard, du hareng et du maquereau. Accidentellement, j'ai attrapé un énorme thon et sachant que c'est une sorte de poisson très rare ici sur la Basse-Côte-Nord, je l'ai rapporté au bord de l'eau,» explique Ivan Etheridge. Cette décision a engendré plusieurs émois légaux 'puisqu'il est interdit de sortir de l'eau des proies qui ne sont pas prescrites au permis de pêche, même si elles sont mortes. Cette loi pourrait paraître ambigüe et très peu claire pour certains comme pour Ivan Etheridge qui affirme que ses « conditions de licences de permis ne disent pas qu'il est interdit de rapporter un thon au bord de l'eau. »
Pourtant, pêcher une sorte de poisson autre que celle inscrite sur le permis est interdit, il faut le remettre à l'eau, qu'il soit mort ou vivant. « Lorsque tu mets un filet à l'eau pour prendre une morue ou du hareng, si tu attrapes un saumon, tu dois le remettre à l'eau, qu'il soit vivant ou mort. La loi est faite comme ça. S'il n'y a pas de lois qui régissent ça, le pêcheur pourrait faire exprès en pêchant un poisson et le tuer pour ensuite dire qu'il était déjà mort. Ça force le pêcheur à ne pas prendre le poisson et le tuer. On ne peut pas garder de prises accidentelles.» affirme Clément Beaudoin, Superviseur à la conservation et à la protection au Département des pêches et océans Canada. Clément Beaudoin explique sa version des faits en décrivant comment les choses se sont passées. Un acheteur de Terre-Neuve l'a appelé pour l'informer qu'un pêcheur avait attrapé un énorme thon et voulait lui vendre. Cependant, l'acheteur voulait s'assurer que cette procédure soit légale et a ainsi décidé de s'informer auprès des autorités locales. M. Beaudoin lui a affirmé que ce n'est pas légal puisque le thon n'est pas inscrit sur le permis de pêche comme étant légal à attraper. Il a donc du réquisitionner le thon et le revendre à la valeur du marché à cet acheteur. Aucun profit n'a été versé à M. Etheridge dans la vente. La somme est allée en totalité dans les coffres du Receveur Général du Canada. L'acheteur a ensuite pu vendre le poisson sur le marché local puisque à cause des délais dans sa conservation au frais, le poisson a perdu un peu de valeur et ne peut plus être exporté. « Dans ces cas, nous sommes obligés de saisir le thon. C'est une saisie symbolique pour éviter la répétition d'une telle situation,» soutient Clément Beaudoin.
« Je vais peut-être devoir aller en cours pour avoir attrapé accidentellement ce thon de 705 livres. », estime Ivan Etheridge. Pour l'instant, selon Michel Plamondon, conseiller principal en communication au Département des pêches et océans Canada pour la région du Québec, aucune accusation n'a été portée. Les décisions quant à l'amendement de cet imbroglio demeurent inconnues. L'affaire peut se rendre en cour tout comme il pourrait y avoir un règlement hors cour. Chose certaine, cet ovipare de près d'une tonne cause bien des remous au large de la ville côtière de Blanc-Sablon.