Charles Prévost chante la poésie de Vigneault : Cette voix qu’il a…

Gisèle Bart, Le Journal des citoyens, Prévost, le 20 octobre 2011

Le samedi 1er octobre, toujours dans le cadre des concerts de Diffusions Amal’Gamme à Prévost, M. Charles Prévost, baryton québécois de renom, Jérômien de surcroît, fils de la lignée de la famille Prévost, illustre en politique, en musique et en journalisme, nous a proposé un récital Gilles Vigneault revisité.

Dès les premières notes, on se sent autant cloué sur sa chaise que soulevé de terre par cette voix magnifique de baryton que possède M. Charles Prévost. « Beauté » est le mot qui nous vient à l’esprit et nous nous apprêtons à nous y laisser baigner durant l’heure qui va suivre.

Puis, le premier émoi passé, c’est la poésie de M. Gilles Vigneault qui nous enlève à son tour. Je ne dirais même pas que nous redécouvrons cette poésie mais plutôt que nous la découvrons tant elle est magnifiée par ce chanteur. Nous sentons dans la manière de

M. Prévost son choix délibéré du décorum des récitals classiques, tenue, attitude, pauses, saluts, afin de bien illustrer son projet de mettre ces textes dans la lumière de ceux désignés par le terme de « mélodie française », aux côtés des Sully Prud’homme de la Belle Époque.

J’aimerais pouvoir transcrire ici la genèse de ce récital que l’on trouve dans les documents fournis par M. Prévost tant elle est passionnante. Je la résumerai en évoquant l’émotion intense ressentie par lui lorsqu’il fit la lecture de Avec les vieux mots, l’un des nombreux recueils du poète. Une émotion telle qu’il « lui fallut beaucoup de temps avant de pouvoir seulement les dire sans fondre en larmes ». Et c’est cette émotion qu’il nous transmet sans faillir. Pour ce faire, il est soutenu, suivi ou précédé par un pianiste-accompagnateur attentif, M. Francis Perron, dont le talent et l’immense sensibilité sont indéniables. Tout au long de la soirée, nous serons portés par une infinie reconnaissance envers ce chanteur.

En effet, celui-ci nous redonne en quelque sorte à goûter la poésie de Gilles Vigneault lequel fait tellement partie de notre histoire que nous en sommes venus à peut-être oublier qu’il est d’abord et avant tout un immense poète. Poète que je n’hésite pas à classer auprès des Lamartine et des Victor Hugo. Oui, M. Vigneault utilise les mots et manie la langue française avec le respect et l’amour qui lui sont dus et contribue avec force à la sauvegarder.

Chacune des phrases si bellement chantées ce soir-là mériterait d’être citée ici, ce qui est impossible. Sans oublier les musiques tout aussi magnifiques créées par ses compositeurs.

En troisième partie, ce qui était inattendu, M. Prévost nous a interprété des poètes des XIXe et XXe siècles supportés par les Duparc, Fauré, Gounod et Ravel, ainsi qu’une œuvre de son parent, M. André Prévost. Ce qui nous illustrait bien le sens de sa démarche. Dans cette 3e partie, il a atteint l’aisance communément appelée « de l’oiseau dans l’air ». Le souhait que je formule est que ce « récital Gilles Vigneault », tellement méritoire et indispensable soit produit si souvent que M. Prévost y atteindra la même aisance. En attendant, se procurer le cd intitulé Paysements est une bonne façon d’adhérer à la volonté de M. Prévost de promouvoir de sa belle voix ce barde que nous avons l’honneur de compter parmi nos grands Québécois.

 

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