Tour du massif des falaises : Cohabitation nature et humains

Louise Guertin, Le Journal des citoyens, le 20 octobre 2011

Lors de la deuxième édition du « Tour du massif », les organisateurs de cette marche pour la conservation des falaises, qui vont de Saint-Hippolythe à Piedmont en passant par Prévost, ont souligné l’acquisition de 20 acres en mai dernier, ce qui porte à 5 km2 le territoire protégé, soit environ le tiers du massif (16 km2).

C’est une bonne nouvelle pour les habitants des Laurentides qui manifestent, chaque fois qu’on leur donne l’occasion, leur attachement aux paysages qu’ils ont choisis comme milieu de vie et pour les villégiateurs longeant l’autoroute 15 qui viennent se ressourcer en admirant la beauté brute de ces blocs rocheux comme un écrin pour la forêt et les écosystèmes, héritage millénaire.

Le 1er octobre dernier, plus de 500 participants ont profité d’un temps frisquet et sec pour admirer les couleurs d’automne et explorer le massif de l’intérieur ; symbole que l’homme et la nature peuvent se côtoyer dans le respect pour leur bénéfice mutuel. Le Comité régional pour la protection des falaises (CRPF) a recueilli 10 000 $ qui serviront exclusivement à la protection du massif.

Ces jours-ci les consultations du plan métropolitain d’aménagement et de développement du grand Montréal font grand bruit. Le plan proposé suggère un gel de cinq ans pour conserver les terres agricoles et faire de la densification urbaine dans les banlieues et à Montréal. Les maires de la rive nord de Montréal, à l’exception du maire de Laval s’y opposent.

Les tenants de l’environnement et de la conservation répètent que l’avenir est dans la densification des milieux urbains. D’accord. Quels sont les moyens en place pour encadrer l’appétit des développeurs, qui voyant les obstacles à l’horizon, voudraient amener leurs affaires plus au nord, vers la deuxième couronne, vers les MRC de Rivière-du-Nord ou de celle des Pays-d’en-Haut, par exemple ?

Le travail fait par le CRPF ou par Conservation Canada pour la conservation des milieux naturels est important. Ces organismes qui ont le soutien de la population ont des moyens limités. D’autres aspects doivent être pris en compte pour conserver les paysages naturels, qui dans une MRC comme celle des Pays-d’en-Haut, représente environ 80 % de son territoire de 700 km2.

La gestion de la forêt peut être un moyen efficace de les conserver en multipliant les usages récréo-touristiques, de cueillette des produits ligneux (les arbres) et non-ligneux (ex. : les champignons). Il y a également la gestion de terres à bois privées qui font un autre type de gestion de cette ressource. Plusieurs approches, autant de manières de réguler l’utilisation de nos forêts sans détruire nos paysages.

D’ailleurs, le ministère des Ressources naturelles et de la Faune est en tournée de consultation en vue de la mise en oeuvre de sa politique des forêts de proximité qui doit entrer en vigueur le 1er avril 2013. Cette politique prévoit la délégation de la gestion de la forêt, aux municipalités et aux MRC qui en font la demande, leur permettant de bénéficier des redevances qu’ils pourront en tirer selon certaines conditions.

À entendre certains intervenants, le seul modèle de développement de nos municipalités est celui de la croissance qui passe par le développement de la richesse foncière. Il serait difficile pour nos élus d’ignorer ce modèle puisque c’est l’unique source de revenus, à peu de choses près, qui leur est accessible pour ajouter ou simplement maintenir les services aux citoyens.

Trouver de nouvelles façons de décliner la cohabitation nature et humains est essentiel pour conserver aux habitants des Laurentides la qualité de vie à laquelle ils aspirent tout en offrant aux urbains un « poumon vert ». Il faut continuer d’appuyer des organismes de conservation comme la CRCF. Il faut également explorer avec tous les intervants, de nouvelles pistes de solution. Une des solutions pourrait être un incitatif pécunier pour les municipalités qui appuient le développement durable en freinant l’étalement urbain.

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