Primes au rendement

Jean-Marc Fournier, Le Montagnard, Saint-Tite-des-Caps, octobre 2011

Un politicien, en quête d'un slogan pour le lancement de sa campagne électorale, nous a énoncé récemment une lapalissade d'une simplicité navrante : rémunérer les enseignants au mérite de leur action. Il s'est bien gardé de préciser comment il évaluerait ce mérite ! Il y a tant de facteurs qui déterminent l'évolution de la formation d'un jeune étudiant, qu'il est illusoire de vouloir attribuer son cheminement de formation uniquement à la contribution de ses éducateurs. Néanmoins, il faut reconnaître la nécessité d'évaluer le rendement d'un employé. Cependant, il est nécessaire de fixer au préalable des objectifs généraux, de préciser des objectifs immédiats mesurables pour enfin procéder au constat des résultats obtenus attribuables aux véritables intervenants. Toutefois, c'est toujours par action conjointe que ce type délicat d'évaluation doit s'effectuer, sinon c'est l'impasse évidente et futile. De plus, il est reconnu que les facteurs socio-économiques influent sur le rendement académique des élèves. Alors faudrait-il pénaliser l'enseignant si ceux-ci performent moins bien que ceux d'un milieu mieux nanti ? Monsieur le politique, tenez bien vos bretelles pour défendre votre thèse devant la Centrale syndicale !

 

Évaluation fortuite ?

 

Il est devenu courant, dans les domaines gouvernementaux comme dans les entreprises privées d'offrir des primes au rendement au personnel de cadres. Au temps où j'assumais la direction d'école, j'ai bénéficié moi-même de cette prime au rendement exceptionnel. Et pourtant, je ne faisais que m'acquitter de tâches complexes attenantes à mes fonctions de gestionnaires. J'avais l'impression de jouer sur le velours.

Mon supérieur immédiat, étant chargé de déterminer les méritants des primes -et de la sienne -et ne voulant pas créer de discrimination, finissait toujours par diviser à part égale le montant global par autant de cadres qui pouvaient y accéder. En somme, l'opération se soldait donc par une augmentation du salaire pour tous. L'opération devenait évidemment inappropriée par le présumé objectif neutre poursuivi !

On m'a affirmé que cette situation loufoque persiste toujours. Chacun est convaincu avoir accompli sa tâche au meilleur de ses capacités et des ressources fournies à son équipe des personnels. Pour avoir vécu personnellement le phénomène, je peux affirmer que les primes au rendement sont toujours obtenues aux dépens de quelqu'un ou de quelque chose.

 

Prime de départ

 

Pour parvenir à retenir les services d'une compétence reconnue, particulièrement dans le domaine des placements financiers, il faut parfois consentir des avantages qui sortent de l'ordinaire, telle une prime de départ prématuré, assumée par l'employeur.

Le gouvernement du Québec a ainsi retenu les services de monsieur Henri-Paul Rousseau, une prétendue sommité en la matière, comme directeur-président-général de la Caisse de dépôt avec un salaire annuel de 1,8 m $. Suite à des difficultés sans précédent dans les placements des avoirs de la Caisse, monsieur Rousseau a mis fin unilatéralement à son contrat et réclamé quand même sans vergogne sa prime de départ de 380 000,00 $! Les autorités politiques responsables de ce dossier sont demeurées silencieuses. Il y a certes anguille sous roche à nous laisser pantois !

 

Gestion cordiale

 

Au fur et à mesure qu'une entreprise prend du gallon, on déplore souvent que ses administrateurs prennent leur distance à l'égard de leurs employés. Pourtant, j'ai connu un PDG d'une trempe plutôt empathique à l'égard de ses employés. Plusieurs citoyens de Saint-Tite-des-Caps qui ont travaillé pour Constructions St-Laurent Ltée se souviennent sans doute de monsieur Welch et de ses attentions personnalisées. Le temps des fêtes venu, il convoquait employés et leurs familles à une grande fête de reconnaissance. À une certaine époque, ils approchaient le millier d'employés.

Il leur étalait alors le bilan des activités des réussites et aussi des difficultés qu'il avait fallu contourner. En somme, le bilan des réussites et des contraintes. Il savait impliquer chacun dans les démarches de l'entreprise.

Il leur remettait alors à chacun un bonus généreux confidentiel. La mine réjouie de chacun ne laissait aucun doute sur leur appréciation. Chacun savait d'ores et déjà qu'il faisait partie de l'entreprise. Leur engagement était assuré pour la réussite des défis à relever dans l'avenir !

Monsieur Roch-Yvon Giguère de notre municipalité a été à l'emploi de la firme ici concernée pendant 35 ans. Il affirme sans ambages qu'il a été choyé d'être à l'emploi du plus sympathique des employeurs connus.

Et si la franchise devenait un slogan pour tous !

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