Anh Khoi Do, L’Itinéraire, Montréal, le 15 octobre 2011
Travailler entre « quatre murs qui s'effritent » ? France Labelle, directrice générale du Refuge des jeunes, en sait quelque chose. Elle a désormais tourné la page. Depuis le mois de septembre, le Refuge, organisme d'hébergement pour jeunes hommes sans-abri, occupe des nouveaux locaux au centre-vine.
Il y a deux ans, l'Église évangélique de la restauration, à savoir le nouveau propriétaire de l'église qu'occupait le Refuge depuis 1989, n'a pas renouvelé le bail du Refuge qui a dû se trouver de nouveaux locaux. Mme Labelle ne tient pas rigueur à l'Église évangélique de la restauration. « Les anciens bureaux du Refuge étaient dans un sous-sol sur un étage. La ventilation était inadéquate. On avait l'impression que le local était en ruine et que les douches allaient s'effondrent, raconte la directrice.
Même si le nouveau dortoir garde la même capacité d'accueil de quarante-cinq lits, les locaux sont plus spacieux. Situés sur la rue Sainte-Catherine Est, à quelques pas de la station de métro Papineau dans l'arrondissement de Ville-Marie, les nouveaux bureaux du Refuge occupent trois étages, incluant un sous-sol « L'espace d'entreposage est plus grand, soutient Mme Labelle. C'est une bonne chose, car beaucoup de jeunes hommes arrivent au Refuge avec des valises et d'autres effets personnels. »
Les douches attirent notre attention. Les crochets pour les vêtements cèdent sous la pression. « On ne peut pas s'y pendre », déclare Alexandre, intervenant au Refuge des jeunes, en baissant sans effort un des crochets avec sa main. Cependant, les tentatives de suicide ne sont pas nombreuses à l'intérieur des murs du Refuge, précise France Labelle. « En vingt-deux ans, il y a juste eu un décès sur les 16 865 jeunes hommes que nous avons accueillis, se souvient-elle. Or, beaucoup de jeunes meurent malheureusement dehors pour diverses raisons après leur passage au Refuge. »
Depuis son déménagement, le Refuge n'a fait l'objet d'aucune plainte du voisinage, affirme avec fierté France Labelle. Pourtant, un an auparavant, se remémore-t-elle, bien des résidents de Ville-Marie avaient des réserves au sujet de l'arrivée du Refuge dans l'arrondissement. « Bon nombre de gens ne remettaient pas en question la mission du Refuge, fait-elle savoir. Ils se demandaient pourquoi un 73e organisme d'aide, ce qui est beaucoup, devait venir dans l'arrondissement. Ils craignaient aussi que le Refuge allait faire venir de la criminalité. »
La situation géographique du Refuge permet aux jeunes d'accéder à plusieurs services. « On (le Refuge des jeunes) voulait s'installer soit au centre-ville de Montréal ou en périphérie. Nos nouveaux bureaux sont proches de bien des organismes de rue comme le Bunker (NDLA : refuge de nuit pour les itinérants mineurs) ou du CSSS Jeanne-Mance », précise France Labelle.
Maintenant que les bureaux sont installés, il ne reste plus qu'à trouver diverses sources de financement, dit la directrice générale du Refuge. L'organisme ne s'inquiète pas pour sa survie ou pour son fonctionnement courant, mais il a une dette à éponger.