David Lonergan, GRAFFICI, Gaspésie, septembre 2011
Depuis plus de trente ans, Sylvain Rivière chante la Gaspésie. D'un livre à l'autre, il trace un portrait amoureux de son « pays ». La Gaspésie par-devant (Éditions Trois-Pistoles, 2011) est écrite avec toute la passion et la chaleur dont son écriture est empreinte.
Préfacé par Victor-Lévy Beaulieu et précédé d'une introduction de Jasmine Dubé, le texte de Rivière se divise en deux parties. D'abord une évocation presque lyrique de l'histoire de la colonisation de la péninsule des débuts jusqu’aux années 1950, puis un entremêlement d'éléments historiques et de souvenirs amoureusement liés, le tout raconté dans cette langue aux effluves marines qui se fonde sur l'oralité et qui caractérise son écriture.
Sylvain Rivière nous entraîne sur les chemins de son enfance, liant ses expériences à sa découverte du monde qui l'entoure. Sa parole reprend, adapte, transforme des mots et des phrases venus du passé en les rendant avec toute la pertinence dont ils ont depuis toujours été porteurs. Et la tendresse qui habite le poète – car il en est un – vivifie ce qu'il nous chante.
Mais là ne s'arrêtent pas les qualités de l'ouvrage. De fort nombreuses photographies viennent enrichir le texte, nous montrant ces paysages et ces gens dont nous parle Rivière. Celles récentes (et superbes) de Maude Jomphe qui couvrent l'ensemble du territoire en nous donnant le goût d'aller revisiter les lieux. Et celles anciennes (1900-1940) de la collection de Chantal Soucy : des photos noir et blanc d'une « mystérieuse »
Miss True et d'autres d'Eleonor Fisher qui font un contrepoint à celles de Jomphe, en nous donnant une profondeur historique qui correspond également au texte de M. Rivière. Un jeu de va-et-vient s'installe entre les photos et les textes.
Le livre en lui-même est un livre d'art : grand format, papier glacé d'excellente qualité qui donne du relief aux photos, tant à celles en couleurs qu'à celles en noir et blanc. En cela, cet ouvrage se distingue de sa première édition qui portait alors le titre de La Gaspésie rebelle et insoumise (2 000) et était illustré de quelques photos d'époque. Par contre, le texte est à peu de choses près le même.
Évidemment, cette Gaspésie est celle de Sylvain Rivière. La Baie-des-Chaleurs en est le coeur, puisque l'auteur en est natif. Si les photos font le « tour » de la Gaspésie, tel n'est pas le cas du texte. Ce n'est pas un livre d'histoire, même si l'histoire y occupe une place importante, mais un témoignage personnel. Par ailleurs, on ne peut que regretter qu'aucun bas de vignette ne vienne préciser quels lieux nous montrent les photos. Au lecteur de s'amuser à les trouver.