La vie comme une tournée continue

Justin Grenier, L'Itinéraire, Montréal, le 15 août 2011

Son rock corrosif s'écoute parfaitement en drummant sur la portière, préférablement avec les haut-parleurs qui crachent. C'est qu'Olivier Langevin en a fait du millage ! Discussion de tournée avec le chefdu groupe Galaxie, stationné en plein cœur de son quartier général : Montréal. Ses parents n'étaient pas d'accord. À 16 ans, Olivier Langevin a lâché son école du Lac-Saint-Jean pour se consacrer à la distorsion et aux solos de guitare. Fred Fortin l'avait déjà repêché.

Depuis, sa vie est « comme une tournée continue ». Celui qui « n’a pas bien le goût de se casser la tête, qui a juste le goût de se la saouler » a connu les salles vides comme les moments épiques. Parfois en accompagnant les Mara Tremblay et autres Vincent Vallières, parfois avec sa Galaxie (anciennement Galaxie 500), qui souffle cette année dix belles bougies sur son gâteau d'anniversaire.

Comment il se sent ? « Chanceux de penser en vivre encore longtemps, répond le sympathique guitariste de 33 ans. C'est un estie de privilège de pouvoir faire de la musique dans la vie » Chanceux aussi de partager le studio et la camionnette avec ses complices. Cette fois-ci, l'auteur-compositeur-interprète et réalisateur a ajouté une bonne dose d'oestrogène au clan. « Et j'ai connu des gars pas mal plus filles que les filles en tournée en ce moment ! »

Le troisième album de Galaxie a été lancé en février dernier. Tigre et diesel, c'est 10 chansons, 33 minutes. Un condensé de rock dansant. Dans ses textes, sont racontées les soirées qu'on peine à se souvenir, mais qu'on ne veut surtout pas oublier. «Je parle beaucoup de la nuit, de la fête. J'ai accumulé beaucoup d'idées et de phrases au fil des dernières années, en tournée. Quand je reviens ici, je n'ai plus tellement le goût de sortir. Je vais t'avouer que je me fais rarement un saturday night au centre-ville ! »

Pour survivre financièrement, Galaxie mise surtout sur ses spectacles dans la métropole, là où la bande trouve « son monde ». Là où ses albums se vendent le mieux. Pour séduire le reste de la province, Galaxie ne peut compter sur l'appui des radios commerciales. Bien qu'au sommet des palmarès alternatifs, ses riffs ne tournent ni à Rythme FM, ni à NRJ. « Mais on fait beaucoup de shows, c'est impressionnant », lance Langevin. Au Café culturel de la Chasse-galerie de Lavaltrie, où L’ltinéraire a usé ses semelles, le fougueux groupe a convaincu une salle comble, survoltée. « Mais c'est quoi, 100 billets, quand c'est complet ? C'est généralement des places comme ça qu'on fait. Quand on joue en région, on voit qu'une partie du public est plus là pour la découverte. Et c'est pas péjoratif ! »

Avec les années, la réputation du groupe n'est plus à faire. Et même si le bouche-à-oreille est de plus en plus efficace et qu'il reconnaît des visages de passage en passage, une chose est claire pour le guitariste : il ne pourrait vivre de sa passion sans la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC) du Québec. « ça paye une partie du transport quand on va jouer dans des places plus éloignées, explique-t-il. C'est vraiment ça qui vient padder la patente. Si ça disparaît, c'est une grande partie de la culture qui pourrait prendre le bord. À moins qu'on tourne pour du manger et 20 $. Mais un moment donné, ça ne se peut pas. T'as une vie à vivre. »

Le mois et demi passé en France avec Galaxie se taille une place dans son palmarès des moments mémorables de la « vingtaine de projets, facilement » qu'il a trimballés aux quatre coins de la province et au-delà de l'océan. « Je peux pas me plaindre. C'est vraiment cool, la tournée. Je veux dire, monter à Bonaventure, l'hiver dans une tempête, on n'a pas à se plaindre de ça. Il y en a qui font des toitures à 35 degrés. Et ça, avec mes cheveux roux, je ne serais pas capable, c'est clair !»

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