Savoir faire sérieux sans se prendre au sérieux

Camille Bouchard, L’Écho de Cantley, août 2011

De militaire pendant 15 ans au sein des Forces armées canadiennes à éleveuse de moutons, voilà un parcours bien inusité pour Maggie Paradis. En 1999, avec son conjoint Christian Girard, lui aussi un ancien militaire, elle a démarré la ferme Les Folies Bergères, une entreprise agroalimentaire au nom évocateur. Dix ans plus tard, les deux entrepreneurs de Saint-Sixte, dans la Petite-Nation, ont poursuivi l’aventure avec la création de La Fromagerie Les Folies Bergères.

« J’ai commencé la ferme parce que je me cherchais un emploi et dans la Petite-Nation, il n’y avait pas de postes à ce moment-là. Nous avions une ferme de 100 acres et nous nous disions que ce serait intéressant de faire quelque chose avec ce terrain. C’est vraiment une question de timing approprié », de se rappeler madame Paradis. « Nous avons choisi de faire la production du lait parce qu’avec 100 acres, il était facile d’avoir100 brebis pour le lait, mais ce n’était pas suffisant pour être autonome dans l’élevage d’un troupeau pour la viande », raconte-t-elle.

Une fois la décision prise d’exploiter une production ovine, les étapes se succèdent. Elle s’inscrit à un cours de formation, dresse un plan d’affaires, achète un cheptel d’une cinquantaine de têtes, acquiert de l’équipement et devient membre d’une coopérative pour la mise en marché. Elle et son mari n’ont pas brûlé les étapes et ont reçu des appuis précieux de la communauté et des autorités gouvernementales. Ils étaient déterminés à assurer à leurs produits des normes de qualité comparables à celles des grands producteurs comme Kraft ou Saputo.

La production ovine dans la région gagne en popularité et représente, à elle seule, six pour cent des entreprises agroalimentaires. Le cheptel de brebis, qui compte aujourd’hui 5 000 têtes, a connu une augmentation de 40 pour cent depuis 10 ans. Les revenus de l’industrie agroalimentaire régionale ont progressé de 27 pour cent atteignant des revenus d’un million de dollars. Dans la région, ce secteur industriel compte pour 3,5 pour cent des entreprises et il emploie 1 700 travailleurs.

Aujourd’hui, Les Folies Bergères possèdent un troupeau de quelque 150 brebis laitières. La fromagerie, née étonnamment au lendemain de la crise de la listériose qui a secoué l’industrie fromagère du Québec en 2008, offre aux consommateurs un choix de cinq produits que l’on retrouve dans une quarantaine de points de vente répartie des deux côtés de la rivière des Outaouais.

Maggie Paradis, l’une des 660 femmes propriétaires d’une entreprise agricole en Outaouais, aime s’investir dans la conception, le développement de ses produits et la distribution. « C’est le fun de se démarquer sur nos emballages et nos étiquettes par notre sens de l’humour. On fait sérieux sans se prendre au sérieux », de dire celle qui estime qu’un des défis s actuels, est de stabiliser le produit et d’assurer qu’il est de qualité supérieure d’une fois à l’autre.

L’Outaouais n’échappe pas à l’engouement des consommateurs pour les produits du terroir. Maggie Paradis considère avoir trouvé sa niche dans ce marché et attribue son succès au fait que les consommateurs, attirés d’abord par la curiosité de l’emballage, continuent de choisir le produit parce qu’ils l’ont aimé.

classé sous : Non classé