Eric Mondou, Le Journal des citoyens, Prévost, juillet 2011
Les plantes aquatiques ont au cours des dernières années envahi le lac Renaud à un rythme considérable, au point de préoccuper fortement les riverains. Les résidents du lac étaient donc conviés le 25 juin dernier à une séance d’informations qui allait tenter de proposer des solutions envisageables à ce problème.
Pour l’occasion, trois biologistes avaient le mandat de répondre aux interrogations des riverains, entassés dans une salle pleine à craquer, face à l’avenir de leur très cher lac. Avant d’apporter quelque solution, un bilan de l’état actuel du lac, artificiel soit dit en passant, était de mise. Parmi les points positifs, les analyses antérieures ont démontré une qualité excellente de l’eau, une quantité de phosphore très faible ainsi qu’une absence de cyanobactéries.
Par contre, l’accroissement d’herbiers aquatiques sur la quasi-totalité des berges du plan d’eau, fortement nuisibles aux activités récréatives, pose quant à lui un désagrément général. Selon Charles Deblois, scientifique invité, cette présence de diverses plantes aquatiques peut s’avérer contradictoire considérant la très faible quantité de phosphore dans l’eau. Or, le problème se situe au niveau des sédiments (vase dans le fond du lac) où on recense une quantité notable de phosphore qui assure ainsi une source constante d’éléments nutritifs pour les plantes. Le second souci non négligeable constitue la forte présence du myriophylle à épi parmi les plantes dénombrées. Sa capacité remarquable à se reproduire et la difficulté complexe à s’en départir en font une plante extrêmement redoutable pour les lacs dans lesquels elle pousse.
Une fois les deux enjeux principaux énoncés par les biologistes, les questions qui semblaient être sur le bout des lèvres de tous étaient : « Y a-t-il des solutions envisageables afin d’enrayer ce foutu myriophylle ? À quoi ressemblera le lac dans 10, 20, 30 ans ? »
Le problème étant au niveau des sédiments, la solution présentée serait de vider le lac de son eau pour ensuite extraire, au moyen d’un dragage, les sédiments chargés de phosphore. Luc Guillemette, président et fondateur du Groupe Synergis, expliqua à l’auditoire la mise en application de cette opération. « Premièrement, les études actuelles sur le lac ne sont pas assez approfondies. Vous n’aurez jamais l’autorisation du ministère de l’Environnement de draguer si une série d’études scientifiques n’est pas effectuée ». Il ajouta ensuite qu’advenant une volonté de l’Association de poursuivre les démarches relatives à un éventuel dragage, il était impératif que des études d’impact soient effectuées. Un respect de la faune aquatique du lac et le devoir de se conformer à plusieurs autres normes environnementales devraient être prouvés à l’aide de ces études.
Enfin, les coûts évalués du dragage s’élèveraient, toujours selon M. Guillemette, à près de 4 millions $. Et d’après les analystes, il serait peu probable que l’association du lac puisse recevoir une quelconque subvention en raison de l’absence de prise d’eau potable dans le lac. Un dragage ciblé aux endroits où les herbiers prolifèrent davantage
pourrait cependant amoindrir la facture. Mais encore une fois, la permission du ministère de l’Environnement doit tout d’abord être accordée et, aux dires des biologistes, cette autorisation ne sera pas consentie dans un avenir rapproché. Bref, selon les scientifiques, une telle initiative serait hasardeuse.
Avec cette position peu encourageante sur le dragage, l’assistance était pressée d’entendre des propositions plus réalistes de la part du trio d’analyste. Maud de Marty expliqua que « la mobilisation de tous les riverains est l’élément essentiel d’un projet de la sorte au lieu de travailler en solitaire. » Et pour ce qui est des éléments plus concrets, l’installation de toile ou de filet ou l’aménagement d’une plage commune pourraient être à considérer si l’on désire perpétuer le plus longtemps possible des activités commela baignade.