Les démunis face aux catastrophes

Diane Morin, La Quête, Québec, juin 2011

C'est avant qu'il faille réfléchir à la meilleure façon de protéger les démunis face aux catastrophes, aux épidémies et aux événements météorologiques violents. Depuis plus de quatre ans, je me préoccupe du sort des groupes vulnérables face aux catastrophes ici à Québec et ailleurs dans le monde. L'actualité m'a fourni maintes occasions d'y réfléchir depuis. « Les phénomènes météorologiques violents ont un effet disproportionné sur les pauvres qui, privés de tout pouvoir, ont moins de ressources pour réagir à la catastrophe. »

 

Chocs climatiques et faible développement humain

 

Pour l'ONU et ses agences, les catastrophes ont un impact négatif indéniable sur le développement humain et posent des enjeux de solidarité. « Lorsque les catastrophes climatiques frappent les ménages, certains sont rapidement en mesure de rétablir leurs moyens de subsistance et de reconstruire leurs actifs. Pour d'autres, le processus de rétablissement est plus lent. Et pour certains, en particulier les plus défavorisés, la reconstruction peut s'avérer tout simplement impossible. Les chocs climatiques font partie des nombreux facteurs externes qui entretiennent ces cercles vicieux. Ils s'associent à d'autres phénomènes tels la mauvaise santé, le chômage, les conflits et les perturbations des marchés. Bien que ces phénomènes jouent un rôle important, les chocs climatiques restent toutefois les forces les plus puissantes à l'origine des pièges de faible développement humain. Les gouvernements peuvent jouer un rôle essentiel dans le cadre de la création de mécanismes de résistance, de facilitation de la gestion des risques pour les populations défavorisées et de réduction de la vulnérabilité. »

 

Un rapport canadien

 

Des chercheurs sont arrivés sensiblement au même genre de conclusions au Canada en regard de nos réalités climatiques. Le rapport intitulé La santé humaine dans un climat changeant : Une évaluation canadienne des vulnérabilités et des capacités d'adaptation a été sorti en catimini par le gouvernement fédéral en 2008. Selon la Presse canadienne, le rapport indique que « le climat changeant menacera plus particulièrement les personnes âgées, les jeunes enfants et les citoyens à faible revenu. » Les auteurs pressent également Ottawa « d'écouter davantage les groupes d'aide sociale et de santé qui se préparent aux conditions météorologiques exceptionnelles, et à mieux sensibiliser le public aux façons de se préparer et de s'adapter aux changements climatiques. »

 

Augmenter la résilience des populations à haut risque

 

À la fin de mars, j'ai participé à un focus groupe à Québec rassemblant des personnes travaillant dans le secteur de la santé et des services sociaux, des organismes communautaires et de la sécurité civile ou de la gestion des désastres aux niveaux municipal et gouvernemental. Cette activité se déroulait dans le cadre d'un projet de recherche en sciences de la santé de l'Université d'Ottawa intitulé : Augmenter la résilience parmi les populations à haut risque pour maximiser la capacité de prévention, d'intervention et de récupération en cas de catastrophe. J'étais bien contente de rencontrer des gens ayant le même souci pour les personnes vulnérables face aux catastrophes, mais il ne s'agit encore que d'une recherche. Les questions de la communication, de la connaissance des risques, des groupes vulnérables, du réseau de soutien, de la coordination et de la préparation personnelle en vue des 72 premières heures suivant un sinistre sont revenues à maintes reprises.

 

Se mobiliser

 

Un participant non voyant représentant les usagers d'un organisme, a voulu savoir à la fin « quand on allait passer à l'action ». Personne ne lui a répondu ! Évidemment nous étions dans le cadre d'une recherche, mais cela me confirme qu'il faudra se mobiliser pour faire avancer les choses : poser des questions précises, être instant, surveiller ce qui se fait ailleurs ; ne pas en laisser passer une, etc. Voici-quelques exemples

 

Poser des questions précises

 

Lors de la préparation à la pandémie de H5NI, je n'ai pas obtenu de réponse aux demandes de clarification que j'avais adressées concernant les itinérants. Je voulais savoir entre autres choses ce que contenait le fameux guide « d'autosoins » pour avoir une idée de la façon de l'adapter pour des personnes démunies, sans domicile ou instable sur le plan résidentiel. Silence radio !

 

Être instant

 

Lorsque la pandémie de H1N1 s'est déclarée, les groupes en itinérance se sont mobilisés pour obtenir de faire adapter la vaccination de masse à la réalité de ce groupe de personnes vulnérables. Ce que nous avons obtenu. D'autres groupes auraient eu besoin que l'on adapte les mesures à leurs réalités, mais ce qui n'est pas identifié avant, est difficilement négociable durant les mesures d'urgence.

 

Surveiller ce qui se fait ailleurs

 

Au début mai, nous avons appris qu'il est décédé 106 personnes à Montréal en lien avec la canicule de juillet 2010. Cette situation a fait l'objet d'une enquête du coroner. Parmi les recommandations, il y a un élargissement de la vulnérabilité aux personnes « qui sont schizophrènes ou qui ont des problèmes de santé mentale comme la bipolarité ou la dépression », l'établissement d'une liste à jour des personnes vulnérables et la reconnaissance que « l'autosoin » n'est pas toujours adapté à ce groupe de personnes. Tiens donc !

 

Ne pas en laisser passer une

 

Le site Web de Séismes Canada a flanché à deux reprises à ma connaissance lors de petits tremblements de terre de magnitude 4,3 et 5,0 dans zone sismique de l'est de l'Ontario et l'ouest du Québec, et ce, le 23 juin 2010 et le 16 mars 2011. Bien sûr, il est toujours possible d'aller chercher l'information sur le site américain USGS, mais ce que nous voulons, c'est avoir l'information en français et l'assurance que le gouvernement fédéral prend ça au sérieux !

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