Bruno Montabault, Le Journal des citoyens, Prévost, le 19 mai 2011
Le jeudi 12 mai dernier, le gouvernement Charest a déposé un projet de loi voulant mettre à jour la désuète loi sur les mines. Ce projet peut s’avérer une excellente nouvelle pour la région, car il veut soustraire de toute exploitation minière les zones dites « urbaines » et « de villégiature ».
Rappelons brièvement que le mois dernier, le 18 avril, la ministre Courchesne rencontrait les maires de Saint-Hyppolite, Sainte-Marguerite et Sainte-Adèle, en réaction à la mobilisation des citoyens consternés d’apprendre que la compagnie Pacific Arc Ressources (PAR) comptait faire de l’exploration dans leur municipalité respective. En après-midi, le président-directeur de la compagnie minière signifiait aux maires qu’il allait continuer l’exploration, étant dans la légalité.
Une dizaine de jours plus tard, PAR annonce, par voie de communiqué, qu’il irait de l’avant dans sa campagne d’exploration. Ce message avait pour but de rassurer ses investisseurs, alors que les forages à Saint-Hyppolite eurent été suspendus après l’annulation de Forage Dibar de son contrat avec Pacific Arc Resources et OnTrack Exploration. Forage Dibar, une compagnie gaspésienne, a décidé de remballer sa machinerie après le blocage du 22 avril orchestré par une cinquantaine de citoyens opposés au projet.
Depuis, Mathieu Meunier, leader du comité de surveillance à Saint-Hippolyte, confirme au Journal qu’il n’y a plus eu de mouvement de machinerie dans la région. Là où l’attention est maintenant tournée, c’est vers le projet de loi 14 déposé le 12 mai dernier. Ugo Lapointe, porte-parole de la coalition Pour que le Québec ait meilleure mine, souligne que ce projet de loi comporte une mesure intéressante, celle à l’effet que certaines municipalités pourront bénéficier d’un droit de regard sur les projets miniers qui auraient lieu sur leur territoire, mais seulement dans les zones « urbaines » et « de villégiature ». Toutefois, M. Lapointe considère que ce projet de loi est insuffisant, car, d’une part, il est « très limité dans l’espace » (seul 4 à 5 % des territoires municipalisés du Québec ferait partie de ces zones) et, d’autre part, « il n’y a pas encore de définition légale » à une zone « de villégiature », explique-t-il. De plus, M. Lapointe déplore que le projet de loi 14 ne semble pas protéger les terres agricoles. C’est ce qui lui fait dire que le projet de loi a été « taillé sur mesure pour les Laurentides » sous la pression de la ministre responsable de la région, Michelle Courchesne.
Mais même « taillé sur mesure pour les Laurentides », M. Meunier n’est pas rassuré : « le problème c’est qu’ici à Saint-Hyppolyte, on n’est pas une zone urbaine, parce que ça prend égout et aqueduc, et on n’est pas encore zoné zone de villégiature », souligne-t-il. En effet, comme l’a confirmé au Journal le maire de Saint-Hyppolyte, Bruno Laroche, la municipalité ne contient pas officiellement de zone de villégiature dans le schéma d’aménagement de la MRC de Rivière-du-Nord. Toutefois, ce même schéma d’aménagement souligne que Saint-Hyppolite est indubitablement, avec ses 62 lacs, une ville de tourisme et de villégiature. De plus, dans un projet de loi (à entériner avant le 31 août) pour mettre à jour le schéma d’aménagement de la MRC, la municipalité précise que « Saint-Hyppolite est incontestablement un lieu de villégiature où les espaces naturels sont prédominants ». Le maire Laroche compte donc utiliser cet argument auprès de Simon Turmel, directeur de cabinet du ministère aux Ressources naturelles et à la Faune pour faire exclure le territoire de la municipalité de toute exploitation minière éventuelle.