« J’assure mon avenir avec le passé des autres ! »

Valérie Lupien, La Gazette de la Mauricie, Trois-Rivières, le 25 mai 2011

 

Auteur et historien bien connu, Jacques Lacoursière vit chaque jour sa grande passion pour tout ce qui s’apparente au passé. Collaborateur à la populaire émission « Épopée en Amérique », il meuble son quotidien avec l’histoire depuis bon nombre d’années. Son désir le plus cher est que toujours plus de gens s’y intéressent, car, selon l’auteur, pour comprendre notre société, il faut d’abord comprendre celles qui ont précédé.

Revêtant la soutane pendant près d’un an, en 1959, Jacques Lacoursière s’est vu dans l’obligation de quitter les ordres pour prendre la succession de l’entreprise familiale, l’imprimerie Lacoursière, aujourd’hui Imprimerie Shawinigan. Fils d’imprimeur, il affirme avoir toujours aimé les livres, l’odeur du papier. D’abord intéressé par la poésie et le roman, M. Lacoursière a trouvé tardivement sa vocation en histoire. « J’ai été marqué par un professeur à l’école normale de Trois-Rivières, Denis Vaugeois, qui a fait naître ma passion pour l’histoire », se souvient l’historien bachelier en psychologie. Enseignant au Séminaire St-Joseph de Trois-Rivières et également au Centre d’étude universitaire de Trois-Rivières, maintenant l’UQTR, monsieur Lacoursière a d’abord oeuvré en recherche avec son mentor Vaugeois pendant quelque temps, véritable initiation à l’histoire. Alliant sa passion au journalisme, il dirigea pendant une décennie, de 1962 à 1972, un journal traitant d’histoire, le Boréal express. « Ce fut un succès énorme qui a dépassé nos attentes et en peu de temps 10 000 abonnés lisaient religieusement notre publication ».

N’ayant pas froid aux yeux et étant avide de nouveaux défis, l’homme se prêta au jeu de l’animation à la télévision nationale avec le jeu-questionnaire historique Trouvez l’erreur que plusieurs téléspectateurs ont eu le plaisir de suivre en 1985. Jacques Lacoursière a également participé à l’élaboration et au lancement du Canal historia et prit part à la recherche et l’animation de l’émission J’ai souvenir encore, diffusée à Radio-Canada jusqu’en 2004. « Nous avions de très bonnes cotes d’écoute pour cette émission et nous en étions fiers, car c’est signe que l’histoire en passionne plus d’un. »

 

Rendre l’histoire vivante
 

Professeur invité à l’Université Laval jusqu’en 2001, monsieur Lacoursière affirme que pour faire aimer l’histoire aux étudiants, il ne faut pas l’enseigner, mais plutôt la raconter. « Il ne faut pas se le cacher, il s’agit d’une matière complexe où les détails sont importants pour arriver à bien saisir toutes les subtilités, il faut donc rendre le contenu vivant, plonger les gens dans les époques qu’on enseigne et s’attarder sur des détails qui fascinent », soutien le récipiendaire de deux doctorats honorifiques de l’Université de Moncton et de l’Université du Québec à Montréal.

L’homme qui vient tout juste de célébrer 79 printemps est également fervent d’implication sociale et s’est investi pendant quelques années au sein du Musée canadien des civilisations, du Musée McCord et est présentement porte-parole pour la Maison Saint-Gabriel, un musée Montréalais. Conférencier émérite, Jacques Lacoursière est également auteur de plusieurs ouvrages historiques tels « Histoire populaire du Québec » publié en cinq tomes. « J’ai toujours dit que j’assurais mon avenir avec le passé des autres ! », lance à la blague cet auteur prolifique qui planche présentement sur le sixième et dernier tome de cette. Pour expliquer son amour pour l’histoire, l’enseignant affirme que cette matière est l’unique moyen de ne pas paniquer face à l’avenir. « Quand on connaît bien le passé, il nous est plus facile de ne pas refaire les erreurs et d’avancer avec confiance ». Père de cinq enfants, Jacques Lacoursière ne peut toutefois pas se vanter d’avoir transmis son amour pour le passé à sa progéniture. « Mes enfants font carrière en biologie, en publicité et dans le domaine de la santé, donc rien à voir avec l’histoire, lance-t-il. Ils ont toujours baigné dans l’histoire, dans les livres que j’écrivais. Ìls ont tous trouvé leur chemin ailleurs et c’est parfait ainsi », affirme celui qui croit qu’on doit être passionné de ce qu’on fait, faute de quoi il nous sera impossible de réussir.

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