Les « Centraide » de l’habitation

Édith Vallières, L’Itinéraire, Montréal, le 15 mai 2011

Centre-ville de Montréal. Des itinérants sont couchés près d'une bouche de métro. Plusieurs passants les ignorent. « Ce paysage ne les touche plus car il fait partie de leur quotidien. L'itinérance ne devrait cependant pas exister dans un pays capitaliste », croit Mireille Chéry. Dans l'espoir de l'enrayer, elle a créé F.I.S.H Corporation (Fondation Internationale aux Services d'Hossénu), une fondation internationale qui s'engage, dès 2012, à louer à prix modique un toit aux personnes défavorisées. Un moyen de leur « donner une autre chance ».

Fonder F.I.S.H Corporation a germé dans l'esprit de Mireille en 2007. Elle ignorait cependant si son concept d'hébergement allait trouver preneur. Pour en avoir le cœur net, la PDG a fait son étude de marché sur le terrain, auprès des itinérants. L'un d'entre eux a qualifié son projet de « véritable bénédiction », craignant de dormir seul dans la jungle montréalaise. Mireille avait sa réponse : « Une personne dans la rue, c'est déjà une personne de trop. » Elle devait passer à l'action.

Mireille ne souhaite toutefois pas restreindre son intervention à l'itinérance, sachant que

30 000 Montréalais seraient dans le besoin, selon Statistique Canada. Ainsi, chaque tour d'habitation de F.I.S.H ciblera une problématique particulière, offrant tantôt des soins en santé mentale, tantôt des services sociaux. « Nous serons en quelque sorte les Centraide de l'habitation », souligne-t-elle.

En vue d'aiguiller les personnes atteintes de maladie mentale, Mireille espère nouer des liens avec des entreprises pharmaceutiques et des instituts psychiatriques. Des spécialistes pourront faire leurs suivis médicaux dans les bureaux de F.I.S.H. « Un complément aux hôpitaux psychiatriques qui, faute de places, montrent trop rapidement la porte à certains de leurs patients. »

D'autres édifices offriront des programmes pourront faire de la popote ou du ménage à même l'établissement, en échange d'un salaire. « L'approche rejoint le proverbe selon lequel il faut montrer à un homme à pêcher avant de le nourrir », explique Mireille.

Les demandeurs devront au préalable remplir un formulaire permettant de mieux définir leurs besoins et leur profil. « Cela évitera de regrouper sous un même toit une famille défavorisée et un schizophrène », spécifie Mireille. Elle insiste aussi sur le mot « temporaire ». La location de logements ne pourra dépasser deux ans, compte tenu des places limitées.

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