Nos corps-territoires découpés en morceaux d’attantat

Sophie Jeukens
Entrée libre, Sherbrooke, mars 2011

j'ai dans la bouche les mots
de toutes celles
leurs dents acérées
qui déchirent le ciel
qui déchirent les sons au passage
des lèvres
et dans la poitrine leurs pouls
polymorphe
je m'accorde au pluriel
de toutes nos forces

car j'ai le cœur bullet proof
en mémoire de la guerre
meurtrie
et la peine meurtrière
en mémoire de celles qui n'ont
jamais croisé le fer
récalcitrantes femmes mères
I recall, don’t you ?

ces femmes sans frontières
ouvrières
les mains grandes ouvertes
et le son des moteurs qui rugit
qui rumine
de fausses rumeurs
qui remâche ramasse
les rêves en p'tits tas
en p'tits trésors
en attentats
le silence dort.
quand le ciel vole bas

et puis je m'étends de tout mon
long sur l'histoire
en te disant tout bas
ne m'épargne pas
m'épargner serait me garder
pour toi
tout au creux d'un tiroir
tirer un trait sur la mémoire
regarde-moi ma peau est un miroir
et je suis au moins aussi grande
que toi
car tout entier tu peux t'y voir

classé sous : Non classé