Joëlle Girard, Échos Montréal, avril 2011
En vigueur depuis l’automne 2009, la politique de déneigement de l’administration Projet Montréal dans l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal provoque de part à autre des réactions enflammées. « Au-delà des commentaires à chaud que nous avons reçus cet hiver, qui étaient d’ailleurs aussi souvent positifs que négatifs, il faut aussi consulter la population sur la poursuite de notre politique de déneigement en tenant compte des économies réalisées et de leur réinvestissement dans d’autres services aux citoyens », estime Luc Fernandez, maire de l’arrondissement. Après deux ans d’adoption, l’heure est donc au bilan.
Récemment, résidents et commerçants ont manifesté leur mécontentement par rapport à l’augmentation des taxes foncières prélevées par la Ville centre, parallèlement avec es réductions de services relevant de l’arrondissement. C’est qu’en 2009, l’administration du Plateau cumulait une dette de 4 M$ attribuable aux dépenses en matière de déneigement et voyait diminuer de 7 % le budget qu’elle reçoit de la Ville centre.
Un tel déficit a contraint le maire Fernandez à choisir entre des coupes budgétaires au niveau du service de déneigement ou des compressions supplémentaires dans l’entretien des parcs, des chaussées et des trottoirs, le nettoyage des étangs du Parc Lafontaine et les services à la bibliothèque, pour ne nommer que ceux-ci. C’est dans ce contexte que l’administration du Plateau a fait le pari de rééquilibrer le budget aux dépens du déneigement.
Rappelons que dorénavant, la nouvelle politique prévoit qu’une précipitation de 15 cm est nécessaire pour qu’il y ait chargement de la neige, opération évaluée à environ 1M$ la tempête, alors qu’anciennement 8 cm suffisaient. En outre, les chargements sont interrompus la fin de la semaine afin d’éviter de payer des heures supplémentaires aux prix fort, économie additionnelle estimée à environ 150 000 $. De plus, ces mesures permettent aux cols bleus de prioriser quotidiennement le déblaiement des rues et des trottoirs.
« Nous estimons qu’en absence de cette politique, le poste déneigement se serait soldé par un déficit d’au moins 2M$ pour l’hiver 2011 » atteste Luc Fernandez. Mais si d’un point économique, la politique a déjà prouvé son efficacité, les monticules de neige laissée en bord de chaussée continuent de provoquer la grogne, notamment celle des automobilistes qui peinent à se stationner.
Selon Francis Blouin, directeur général de la Société de développement du boulevard Saint-Laurent »le principe d’économie que l’on tente de mettre en place est bon, mais le bilan n’est pas parfait. L’hiver 2010-2011 était un test, d’où l’intérêt de faire un tour de table pour 2011-2012 et d’y inviter les SDC et associations à discuter ». De son côté, la Société de développement de l’avenue du Mont-Royal n’a pas tenu à faire de commentaire, soutenant que ce sont les citoyens qui ont écopé et que ce sont donc eux qui doivent s’exprimer sur l’avenir de la politique.
Or, détracteurs et partisans pourront bel et bien se faire entendre, car d’après l’administration du Plateau-Mont-Royal, les consultations réclamées pourraient prendre la forme d’une ou deux soirées publiques, en plus d’un dispositif en ligne, et ce, dès mai ou juin prochains.