Sophie I. Gagnon, Graffici, Gapésie
Sur son nouvel album, Somos, Juan Sebastian Larobina tricote les sonorités argentines, mexicaines et gaspésiennes.
« Somos définit l’ensemble des « je » d'un village, d'un pays et de la société. C'est « être » au pluriel », explique celui qui signe les 13 chansons de l’album qui a d’abord été un projet de recherche et de création. Né en Argentine et élevé au Mexique, Juan Sebastian Larobina a vécu plusieurs années à Gaspé avant de s'exiler à Montréal pour poursuivre son exploration musicale.
Dans la métropole, il a côtoyé Yves Lambert, figure légendaire de la Bottine Souriante, Steve Normandin, spécialiste de La Bolduc, et d'autres professionnels du répertoire traditionnel québécois qui l'aident à s'imprégner de la musique traditionnelle d'ici. Cette aventure a permis à notre Latino-Gaspésien de se fondre dans, la littérature orale québécoise, pour bien la lier aux cultures du Sud. Des pigments de fado du Portugal, de forro » du Brésil ainsi qu'une touche cajun s’ajoutent à son exploration musicale. « Somas représente un lieu à la fois intime et collectif qui touche le maximum de gens. C'est un mélange de rythmes bien étudié, ce qui rend l'album plus mature », explique le chanteur multi-instrumentiste.
L'album a été enregistré au studio d'Yves Lambert sous l'étiquette La prûche libre. En 10 jours seulement, Somas a été coréalisé par le musicien Rémi Giguère, dans une cabane de campagne aménagée professionnellement. La joyeuse équipe s'est lancée dans cette aventure comme on embarque dans un train, explique M. Larobina. « C'est un voyage simple et frais, c'est à notre image, un peu comme l'aurait fait le Buena Vista Social Club ou même La Bolduc ! Il y a beaucoup de voix et peu d'arrangements superficiels. J'assume totalement sa simplicité même si j'ai travaillé avec des virtuoses. »
Si c'est l'amour d'une Gaspésienne rencontrée au Mexique qui l'a mené à Gaspésie sont l'amour pour la musique et les rapports humains qui le guident professionnellement. La chanson De temps en temps est dédiée à sa Gaspésie d'adoption. Tout simple, le refrain risque de rester en tête « un peu comme la chanson C'est bon pour le moral de la Compagnie Créole », ricane le musicien. Sa région d'accueil représente pour lui une terre de simplicité et d'authenticité où la nature, l'air frais et les rivières l'inspirent. « Comme chez nous, les gens d'ici sont fiers et solides, je m’identifie beaucoup à ça. » L’aventure urbaine entamée récemment par le chanteur est aussi source d'inspiration puisqu'il trouve dans la métropole un laboratoire d'observation multiculturel. « Montréal vit une nouvelle culture musicale où la migration, de tant de cultures différentes amène encore plus loin. Ça repousse encore plus les barrières ethniques, c'est merveilleux », dit-il.