Amiante-chrysotile : l’heure des choix

Normand D. Paquin, Le Trident, Wotton

Quelque 60 ans après la Grève de l’Amiante à Asbestos en 1949, il ne s’écoule pas une semaine sans que la question de l’amiante, sous ses différentes formes, soit l’objet d’un point de presse ou d’un commentaire dans les journaux, à la radio ou à la télévision.

Deux camps s’affrontent : Le mouvement anti-amiante, dont l’épicentre est en Europe et qui a de nombreux appuis dans le monde médical, est d’avis qu’en raison des risques pour la santé, l’amiante, sous toutes ses formes (amiante blanc, ou chrysotile, amiante bleu ou crocidolite ou amphibole, etc.), devrait être banni.

Le mouvement pro-chrysotile, qui gravite autour de l’Institut du Chrysolite au Québec et regroupe l’industrie, les chambres de commerce, les syndicats et les municipalités de la région, est d’avis que l’amiante chrysotile, présentant moins de risques que l’amiante-amphibole, demeure un produit utile, qui, extrait et manipulé dans des conditions contrôlées et sécuritaires, se compare avantageusement aux matériaux de remplacement.

Les anti-amiante disent que l’histoire de l’amiante dans le monde démontre que l’industrie n’a pas pris ses responsabilités par le passé et qu’il est peu probable qu’elle le fasse à l’avenir. Les pro-chrysotile rétorquent que la technologie de l’industrie et les normes gouvernementales d’extraction et d’utilisation de l’amiante chrysotile, par rapport à la santé, se sont améliorées et peuvent continuer de s’améliorer.

À preuve, pourraient ajouter ces derniers, la Gève de « 49 » à Asbestos a été l’événement historique qui a le plus contribué à l’amélioration des conditions de travail dans l’industrie de l’amiante au Canada.

Au Québec, le débat entre les pro et les anti-chrysotile a refait surface récemment lorsque la Mine Jeffrey à Asbestos a fait une demande de garantie de prêt au Gouvernement du Québec afin de parachever l’aménagement d’une mine souterraine, qui une fois en opération pourrait générer quelque 400 emplois. Entre temps, Québec. Qui s’apprête à rendre une décision à ce sujet, a entrepris des consultations, entre autres, auprès de la Conférence régionale des Élus (CRÉ) de l’Estrie.

La CRÉ est l’un des organismes parmi les plus représentatifs de notre région, regroupant les préfets des municipalités régionales, le maire de la ville de Sherbrooke, les maires des municipalités de 5000 habitants et plus ainsi que d’autres municipalités, les représentants d’organismes majeurs socio-économiques, scientifiques et culturels, avec droit de vote, de même que les députés, à titre d’intervenants, mais sans droit de vote. Dans le contexte de la demande de prêt de Mine Jeffrey, la CR. a rendu public un avis unanime, le 10 décembre 2010, favorisant le maintien de l’industrie du chrysotile en Estrie.

Au plan économique, encouragés par l’appui de la CRÉ, la plupart des citoyens de la MRC des Sources souhaitent la relance de la Mine Jeffrey à Asbestos; cela ne veut pas dire que la solution aux problèmes économiques de notre région se limite à la reprise des activités de l’industrie minière. En plus de la relance de la mine, tous s’entendent sur l’importance d’adopter une stratégie de diversification économique. Voilà une application pratique de l’adage populaire disant qu’il ne faut pas mettre tous nos œufs dans le même panier.

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