Isabelle Schmadtke, Le Journal des citoyens, Prévost
Lorsque prochainement, vous croiserez Merrily Weisbord soit à la pharmacie ou à l’épicerie, prenez quelques minutes pour la féliciter. Puisqu’auteure du livre « The Love Queen of Malabar : Memoir of a Friendship with Kamala Das » elle a fait partie, des cinq finalistes à convoiter le prestigieux prix littéraire Charles Taylor remis le 14 février dernier.
Ce prix attribué pour un ouvrage dans la catégorie non romanesque souligne l’excellence de la maîtrise de la langue anglaise, l’élégance du style et la subtilité de pensée et de perception. Au total, le jury a fait la lecture de 153 livres avant de fixer son choix sur cinq finalistes, dont le mémoire de Merrily Weisbord. Celui-ci raconte son amitié avec Kamala Das, une écrivaine indienne du Malabar, région sur la côte ouest de l'Inde où Merrily a fait plusieurs voyages entre 1995-2005. « Je croyais que nous allions découvrir l’univers de l’une et l’autre à travers chacun de nos regards », dit Weisbord en parlant de l’échange culturel qu’elle projetait avec Kamala « ce que je n’avais pas réalisé, c’est que je finirais par voir mon propre monde à travers son regard et qu’elle finirait par voir son univers entier à travers le mien également. Cela a été une révélation et une très bonne en plus. »
Voici un extrait : « I get an Indian visa and fly to Cochin. Jet-lagged and tired, I open myself to laughing, entrancing Kamala in burqua and black. Lulled by her lilting Malayalam, I follow the bewitching movements of her slender brown arms, elegant fingers curling and extending, palms opening, arms rising, hands circling, punching theair, reaching out. Her hands perform a hand dance, hand mime, hand directions, hand tones, resting just a beat before the next arabesque»
« J’obtiens un visa indien et je me rends à destination de Cochin. Perturbée par le décalage horaire et fatiguée, je m'abandonne au fou rire, envoûtant ainsi Kamala vêtue d’une burka toute en noir. Bercée par son Malayalam chantant, je suis les mouvements ensorcelants de ses bras minces et bruns, ses doigts élégants qui se plient et se déplient, ses paumes qui s’ouvrent, ses bras qui s’élèvent, ses mains qui font des rotations, qui battent l'air, en se tendant vers moi. Ses mains exécutent une danse de main, de mime de la main, de directive de main, de sonorité de la main, se reposant un brin avant la prochaine arabesque. » (traduction libre).
Bien que le prix Charles Taylor ainsi que la bourse de 25 000 $ qui s’y rattache ait été remis à Charles Foran pour son livre Mordecai : The Life & Times, la nomination de Merrily Weisbord pour ce prix ainsi que pour d’autres prix également, constitue une confirmation importante de son talent littéraire et comme elle le dit si bien: « I didn't actually get the big prize moola, but I won enough, more than enough ».