Françoise Bujold à voix haute

Maïté Samuel-Leduc, Graffici, Gaspésie, janvier 2011

Françoise Bujold est une poétesse, une artiste visuelle, une femme de mots. David Lonergan présente l’œuvre radiophonique de cette artiste gaspésienne dans À toi qui n’es pas né au bord de la mer.

Alors qu’il avait déjà filtré avec l’œuvre de la poétesse Blanche Lamontagne et celle de Marine Travers dites, la Bolduc, David Lonergan s’intéresse à celle de Françoise Bujold. Homme de théâtre, il met en scène quelques-uns de ses textes. Il recueille ensuite les différents poèmes et les gravures de l’artiste pour une maîtrise en études française et découvre ses textes dramatiques écrits pour la radio de Radio-Canada. Plusieurs sont inédits et sont présentés dans son livre. « Je voulais continuer mon travail sur Françoise Bujold, surtout sur ces œuvres radiophoniques. Le fait de vivre en Gaspésie m’incitait à retrouver des autres qui ont marqué la Gaspésie », dit-il.

Françoise Bujold joue avec l’oralité et avec différents niveaux linguistiques, explique M. Lonergan. « Elle est la plus grande poétesse de la mer que nous avons au Québec. Je n’ai jamais lu quelque chose de plus beau écrit sur la mer », avoue-t-il.

Dans Le cœur de l’homme est une péninsule, un des huit radio théâtres diffusés entre avril 1959 et 1961, la péninsule répond à la Mer : « Je suis un bout de terre, je suis une fin de monde. Je suis une figurine couchée, je suis un tombeau du roi… Je suis une terre labourée et retournée mille fois, je suis une terre vieille au visage connu. Et je me tutoie. » Françoise Bujold essaie d’évoquer dans ce texte, ce qui caractérise cette population qui vit avec et contre cette mer. Il n’y a pas vraiment d’action, mais on sent une inquiétude » explique l’auteur.

M. Lonergan présente aussi une biographie de l’artiste. Il parcourt sa vie à partir de sa naissance à Bonaventure en 1933 jusqu’à sa mort en 1981. Elle est l’une des deux premières femmes à être admise à l’Institut des arts graphiques de Montréal. Elle publie son premier recueil de poésie en 1956 ; viendront ensuite plusieurs autres, entrecoupés de production de gravures. Elle s’installe à Percé en 1959 où elle côtoie l’artiste Suzanne Guité et plusieurs autres au Centre d’Art de Percé. Vers l’âge de 29 ans, elle est diagnostiquée maniacodépressive. Pendant les années qui suivent et jusqu’à sa mort, elle aura plusieurs périodes de maniacodépression qui ne l’empêchent pas, bien au contraire, de continuer à produire, à publier des recueils et aussi d’enseigner aux enfants. « Les enfants ont une qualité imaginative que les adultes perdent et c’est ce que Françoise Bujold recherche en leur enseignant », explique M. Lonergan.

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