Rencontre d’une grande dame : Madame Denise Baril Tremblay

Diane Gaudet Bergeron, Ensemble pour bâtir, Évain, décembre 2010

 
Née à Lorrainville, elle arriva à Evain en 1950. Elle a fréquenté l’école normale de Ville-Marie ainsi que celle d’Amos, le chemin à prendre pour devenir enseignante. Denise a beaucoup de pudeur à parler de ses réalisations, pourtant elle a une vie plus que bien remplie.
 
Dans ses débuts, elle enseignait à Évain pour $ 900 par année. Non seulement le salaire était bas, mais plus d’une fois le salaire des enseignants se faisait attendre jusqu’à trois ou quatre mois, sans qu’on leur explique pourquoi.
 
Elle décida ensuite d’aller enseigner à Mirabel (près de Montréal), pour une substantielle augmentation de salaire, celui-ci passant à $ 1,600 par année. Deux ans plus tard, pour se rapprocher de son amoureux, elle revint en région. C’est à cette époque qu’elle deviendra Madame Tremblay. Elle accepta un poste de secrétaire pour Osisko Lumber. Par contre, lorsqu’on lui offrit à nouveau un poste d’enseignante, elle y retourna avec joie, c’était là son paradis. Elle a donc enseigné trois ans dans des écoles de Noranda en classe de sixième année.
 
Elle et son mari ont demeuré à Rouyn pendant environ un an et demi. Ils habitaient chez madame Baril, la mère de Denise. Celle-ci prenait soin de sa mère vieillissante et de deux petites filles adoptives. Madame Baril, dont le mari travaillait à l’extérieur, appréciait beaucoup la présence et l’aide de Denise et de son mari Fernand.
 

L’enseignement, sa passion

 
Elle reviendra ensuite enseigner à Évain. Elle adore les enfants et ceux-ci le lui rendent très bien. Elle se rappelle avec nostalgie les câlins des enfants, les revoit l’entourer de leurs petits bras, lui témoignant leur affection et leurs remerciements. Elle passera en tout 10 ans de sa vie comme enseignante. Sa préférence restera d’enseigner aux garçons malgré leur réputation d’être moins dociles. Chez eux, pas de bouderie, de rancune et beaucoup d’ambition.
 
Replongeant dans ses souvenirs, elle se rappelle qu’il n’y avait, dans ce temps-là, que deux autobus scolaires pour transporter tout ce beau monde. Chaque conducteur devait faire trois voyages. Entre-temps, chaque professeur gardait les élèves dans leur classe jusqu’au second voyage. Les professeurs étaient libérés de leur garderie entre 16 h 30 et 17 h 00. À cette époque : « C’étaient les besoins des élèves qui déterminaient la longueur de la journée du professeur et l’on ne se plaignait pas ! » de dire Mme Tremblay. La tâche de l’enseignante était d’autant plus facile parce que nous avions toute la collaboration des parents.
 
Sa route de vie la conduira par la suite à la direction des écoles d’Évain. Aucune difficulté ne l’effrayait, elle aimait son travail se sentait bien entourée tant par les professeurs qu’elle aimait que par les élèves à qui elle était toute dévouée. D’ailleurs, elle se qualifiait elle-même de « la plus grande servante de tout ce beau monde ». Ça prenait beaucoup d’énergie pour occuper ce poste, remplaçant un professeur malade, participant aux récréations, mais faire une tâche où l’on se sent aimée fait toute la différence.
 
Elle aimait chanter avec les élèves. Chaque année à Noël, elle montait une chorale d’enfants pour la messe des enfants, soit celle de 19 h. Elle rencontre encore aujourd’hui d’anciens élèves qui la remercient de l’aide personnelle qu’elle leur apportait. C’est pour elle une très grande récompense, elle s’est donnée avec beaucoup d’amour et de dévouement.
 
Implication dans la vie paroissiale
 
Denise était très impliquée dans la paroisse, étant directrice de l’école, elle servait de référence : une adresse à écrire pour un, la correction d’un travail d’écriture pour un autre. Elle avait peine à suivre le travail de son époux qui de son côté était très occupé. Mme Tremblay s’est toujours impliquée dans la vie pastorale, avec les enfants de Marie, les Jeanne d’Arcs, les rencontres avec les Dames de Sainte-Anne et le groupe 4-H. Pour elle, c’est simplement une vie engagée. Elle croit à l’implication et à l’entraide, c’est sa philosophie de vie.
 
Elle se rappelle aussi sa participation au livre du trentième anniversaire d’Évain en compagnie d’un groupe de professeurs et celle d’Antonio Flamant. Ils seront les principaux rédacteurs du livre souvenir de 1965. C’est également elle qui fut responsable du projet de l’école de parrainer une famille vietnamienne. La différence de langage ne lui faisait pas peur et ces gens avaient une très grande confiance en elle.
 

Une retraite bien méritée

 
C’est en 1984 qu’elle prendra sa retraite de son poste de directrice pour cause de maladie. Elle consacrera ensuite son temps à ses petits-enfants et arrière-petits-enfants sans pour autant cesser son implication sociale. L’une de ses dernières implications est celle de distribuer avec son conjoint la popote aux gens seuls et malades, une suite logique de sa vie de partage et d’entraide. Étant croyante et pratiquante, la prière, la messe, le rosaire et l’adoration font partie de son quotidien ainsi que le temps consacré à rendre grâce au Seigneur pour les bienfaits reçus et pour implorer des bénédictions pour toute l’humanité.
 

Ce qui lui fait de la peine aujourd’hui, ce sont les séquelles de la fusion : « Nous avons perdu notre identité me dit-elle, nous ne connaissons plus nos voisins, les gens sont devenus plus individualistes, ne participent plus à la vie sociale du milieu. Donc, nous développons une mentalité de grand centre ».

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