Par ici la sortie

Pierre Brassard, Le Monde, Montréal, novembre 2010

Saint-Michel et son gang de rue font encore les manchettes, et cette fois-ci non pas parce qu’il y a eu un règlement de compte ou une rafle policière chez les Bleus mais plutôt parce que le long-métrage Sortie 67 a pris l’affiche de quelques salles de cinéma de Montréal.

Par ce premier long-métrage, le producteur et réalisateur Jepthé Bastien voulait lancer plusieurs messages à la population quant à notre responsabilité envers ces jeunes qui sombrent dans des groupes criminalisés. Inspiré par la mort de son neveu de 16 ans qui aurait été victime d’un gang de rue, Jepthé a fait ce film pour extérioriser son malaise envers ce décès, pour qu’on s’en souvienne, et que cette mort ne soit pas en vain.

L’action de Sortie 67 se déroule ainsi dans les rues de Saint-Michel où le jeune Jeko est témoin à l’âge de huit ans du meurtre de sa mère par son père. Balloté de famille d’accueil en famille d’accueil, Jeko nourrit son espoir de vengeance auprès de son père. Pour se faire, il intégrera le gang de criminels du quartier dans lequel il y trouvera enfin le sentiment d’appartenir à une famille. Les chemins du crime amènent Jeko à faire sa vie dans ce monde violent mais aussi à la croisée de décisions qu’il devra prendre s’il veut se sortir de ce monde.

« J’ai voulu susciter un dialogue au sein de la population sur ces jeunes qui grandissent dans des quartiers défavorisés », lance Jepthé Bastien. « Ce sont les enfants du Québec et en tant que société, nous devons en prendre soin. Ils ne sont pas des clients du système », ajoute Bastien. L’histoire de Jeko est ainsi l’histoire de nombre d’enfants dont la société les a laissés tomber parce qu’ils n’ont pas eu la chance de grandir dans une famille et un quartier favorisé.

« Je vois des jeunes qui n'osent plus rêver, un système qui ne fonctionne que pour ses fondateurs… Sortie 67 offre un autre regard sur quelques raisons de cette prise de vue, ces prises de vies où l’amour se meurt », avoue le réalisateur. « L’amour se meurt. L’amour se meurt. Je voulais montrer le revers de la médaille, c’est-à-dire que c’est l’humain qui porte en lui la violence. Tout commence à la maison ; ce que les parents ont inculqué aux enfants, c’est ça qu’ils emmènent dans le monde. »

En dehors des clichés reliés aux gangs de rue, Sortie 67 nous fait voir les tiraillements émotifs de ces jeunes qui en font partie. « C’est un film vu de l’intérieur », dira Jepthé Bastien, « où l’amour est un élément très important. »

 

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