Sylvie Dupont, Contact, Témiscaming, le 3 novembre 2010
Les chefs des Premières Nations de Wolf Lake et Eagle Village, Harry St. Denis et Jimmy Constant, ainsi que le grand chef de l’Algonquin Nation Tribal Council, Norman Young, s’opposent fermement à la vente de lots de villégiature dans le secteur de la Chute du Pin Rouge sur le Lac Kipawa.
Le projet est une initiative de la Commonwealth Plywood Ltée à qui appartiendraient les terrains, ce qui est contesté par les chefs des Premières Nations. Ce n’est pas la première fois que ce territoire suscite la controverse. « L’histoire remonte en 1912 quand la Gordon Creek Improvement Co. avait obtenu droit d’installer des campements dans ce secteur pour nourrir et loger les bûcherons » a expliqué le grand chef Young.
« Au gouvernement, on nomme ces terrains-là Bloc A. Contrairement aux CAAF qui sont des terres publiques, ces emplacements de terrain auraient été vendus à la Gordon Creek sans que les Algonquins soient consultés. Depuis, ils sont transférés d’une compagnie forestière à l’autre », a-t-il déclaré.
Une manifestation avait été organisée en août 1979 pour une situation identique. À l’époque, la compagnie « Forest Products » avait tenté d’obliger les Métis installés à cet endroit de lui verser 10 000 $ pour les terrains où ils avaient alors refusé d’obtempérer et la compagnie avait fini par laisser tomber les procédures.
Les Premières Nations contestent les droits de propriété de la Commonwealth Plywood sur ce territoire et entendent se rendre devant les tribunaux si la compagnie ne cesse pas immédiatement la vente des terrains.
« Nous considérons ces terrains comme faisant partie de nos territoires ancestraux mais ce n’est pas le seul point », a affirmé Harry St. Denis. « Tous les utilisateurs, que ce soit les pourvoiries ou les pêcheurs, devraient se sentir concernés par un projet de développement d’une telle envergure si près de la plus grande frayère à doré du Kipawa. »
Les chefs s’entendent pour dire que le lac Kipawa est déjà surpêché : « La Commonwealth Plywood veut vendre environs 80 lots. On se retrouverait, ni plus ni moins, avec un village collé sur la frayère si on compte la famille et les amis qui viendraient visiter tous ces gens. Imaginez le nombre de bateaux qui circulent dans le coin » a précisé le chef St. Denis.
Les Premières Nations ont également fait parvenir une plainte au bureau de ministère de l’Environnement, du Développement durable et des Parcs, pour les aviser, photos à l’appui, que la Commonwealth Plywood ne respecterait pas les lois environnementales concernant des travaux effectués près des berges.