Paul-Antoine Martel, L’Indice bohémien, Rouyn-Noranda, novembre 2010
On connaît Renée Robitaille pour ses contes coquins, ou encore pour son spectacle sur les mineurs de l’Abitibi, Hommes et pioche. C’est pourtant avec un rendez-vous familial – l’autre versant de sa carrière – qu’elle visite sa région d’origine du 20 au 25 novembre. Place à la famille Gros Biscuit !
Avec ce spectacle, qu’elle a baladé au fil de deux dernières années un peu partout au Québec jusqu’en Russie, la conteuse originaire d’Évain a voulu se faire plaisir en portant sur scène les histoires de l’auteur canadien Robert Munsch. « Munsch s’inspire des enfants qu’il rencontre et extrapole des aventures qui pourraient leur arriver à partir de ce qu’ils lui racontent ou de ce qu’ils sont », explique-t-elle. « C’est vraiment rocambolesque et très drôle » soutient celle qui a imaginé l’histoire des enfants de la famille Gros Biscuit en tricotant ensemble plusieurs contes de Robert Munsch qui n’étaient pourtant pas originalement reliés.
Renée Robitaille a voulu en mettre plein la vue aux enfants et à leurs parents avec ce spectacle de contes qui se veut familial : on y trouve donc la musique, des costumes, des éléments de décor, et l’ensemble a bénéficié de la collaboration d’un metteur en scène et d’un éclairagiste. « Devant les enfants, je me permets de m’éclater, de prendre des risques », affirme-t-elle, confiant du même souffle se donner le défi d’aller chercher les adultes dans cette « petite zone où ils sont toujours des enfants. »
Renée Robitaille n’en est pas moins en pleine recherche pour son prochain spectacle pour adultes, qui devait porter sur la Baie James. « Quand j’étais petite, certains de mes oncles et de mes tantes y habitaient, raconte-t-elle. Pour moi, c’était un endroit mystérieux et lointain, un pays de géants où les camions sont immenses. « Ainsi, elle s’intéresse au monde des travailleurs venus de partout qui ont construit les barrages hydroélectriques, aux Cris qui habitent cette terre presque depuis toujours, à l’improbable village Radisson qui refuse de mourir malgré qu’on l’ait voulu temporaire à l’origine… Il s’agit d’une démarche qui se rapproche de celle qu’elle avait empruntée pour bâtir Hommes de pioche, qui s’était avéré sa « façon de se réapproprier ses racines ».
C’est comme si Renée Robitaille avait réussi à trouver la porte qui sépare la liberté de l’enfance de la lourdeur de l’âge adulte, et qu’elle l’empruntait allégrement pour puiser dans la première l’énergie et l’inspiration qui lui permettent de mieux affronter la seconde. Tant mieux pour nous ; ça la rend d’autant plus habile à chatouiller l’enfant en nous jusqu’à ce qu’il rigole à en perdre le souffle !