Hudrocarbures : La mobilisation s’organise

Geneviève Génier Carrier, Le Mouton NOIR, Rimouski, septembre-octobre 2010

Depuis 1998, le Saint-Laurent est protégé de l’exploration pétrolière et gazière par un moratoire qui pourrait être levé dès 2012 à la suite du programme d’évaluations environnementales stratégiques (EES) qui vise à mieux encadrer ces activités. L’imminence d’un premier forage dans le golfe du Saint-Laurent sur le site de Old Harry et l’accident pétrolier en Louisiane ont remis à l’ordre du jour les risques liés au développement de la filière des hydrocarbures en milieu marin. Pendant que la mobilisation en faveur d’un moratoire sur les hydrocarbures dans l’ensemble du Saint-Laurent prend forme, le gouvernement québécois joue à l’équilibriste.

 

Demande de moratoire

 

Situé à 80 km des côtes des Îles de la Madeleine et à 15 km de sites de pêche, le gisement gazier et pétrolier Old Harry retient l’attention. Corridor Sources, qui possède les droits d’exploration sur le gisement, a annoncé son intention de procéder à de nouveaux levés sismiques du côté de Terre-Neuve à la mi-septembre, étape préalable au forage exploratoire. Bien que la compagnie attende toujours le feu vert de l’Office Canada/Terre-Neuve-et-Labrador des hydrocarbures extracôtiers, l’urgence se fait sentir.

«  L’agenda est très serré. … La compagnie doit forer d’ici 2013 pour conserver ses droits sur le gisement, ce qui explique son empressement. La menace réside dans le fait qu’une fois ce premier forage effectué dans le Golfe, le gouvernement québécois voudra immanquablement emboîter le pas à Terre-Neuve ? », explique Danielle Giroux, présidente d’Attention FragÎles.

L’empressement du gouvernement d’aller de l’avant dans le dossier de l’exploration et de l’exploitation des hydrocarbures dans le Saint-Laurent inquiète, et pour cause. L’aventure comporte des risques environnementaux élevés et pose d’importants conflits d’usages. La marée noire dans le golfe du Mexique aura au moins permis de donner corps aux appréhensions et de remettre en question la nécessité de développer la filière des hydrocarbures au Québec. Plusieurs élus et groupes, tel la CRÉ-GIM, Nature Québec et Greenpeace, ont pris position en faveur d’un moratoire afin de permettre une analyse plus poussée des impacts de telles activités dans le Saint-Laurent.

 

Un BAPE élargi

 

L’exploitation du gaz naturel conventionnel par forage terrestre soulève aussi des inquiétudes aux Îles de la Madeleine, alors que la compagnie Gastem, qui possède les droits d’exploration sur une grande partie de l’archipel, s’apprête à forer dans le secteur de Grand-Ruisseau. Différentes actions citoyennes ont été posées dans les dernières semaines afin de sensibiliser les élus locaux et régionaux au dossier. On dénonce l’attitude cavalière de la compagnie, les risques de contamination des nappes phréatiques, et les impacts majeurs qu’aurait le développement d’une telle industrie dans un milieu aussi fragile que les Îles. « Le BAPE générique qui vient d’être lancé par le gouvernement sur les gaz de schiste a une portée trop limitée. Il devrait englober tous les projets à travers le Québec et inclure le forage terrestre aux Îles de la Madeleine, ainsi que l’exploration des hydrocarbures en milieu marin », souligne Danielle Giroux.

Le conseil d’agglomération des Îles-de-la-Madeleine vient d’ailleurs d’adopter une résolution en faveur d’un moratoire sur le forage en milieu terrestre dans l’archipel jusqu’à ce que la population soit dûment informée et consultée.

La Loi sur les mines doit être modifiée afin d’assurer aux communautés une prise réelle sur leur territoire et de permettre aux citoyens de prendre position sur ces enjeux cruciaux qui modèlent le Québec de demain. Désuète, elle assure à l’industrie la mainmise sur le territoire québécois. Et disons-le, au gouvernement une grande liberté de faire des cadeaux. Il sera intéressant de suivre les travaux de la commission parlementaire sur le projet de loi 79 sur les mines qui se poursuivent cet automne. La coalition Pour que le Québec ait meilleure mine ! recommande notamment l’instauration d’une redevance minière allant jusqu’à 10 % de la valeur brute produite et l’élimination de la préséance des droits miniers.

Je vous invite à signer la pétition en faveur de l’abandon des projets d’exploration et d’exploitation pétrolière dans les bassins de l’Estuaire et du nord-ouest du Golfe, de la baie des Chaleurs, d’Anticosti et de Madeleine, en ligne, sur le site de l’Assemblée nationale du Québec.

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