Claude Benoit, Le Saint-Armand, août-septembre 2010
La bataille pour le maintien du poste frontière de Morses Lines est aussi une bataille canadienne. Dès le printemps prochain, l’Agence des services frontaliers du Canada y diminuera de moitié les heures d’ouverture. Les postes de Glen Sutton et d’East Pinacle seront touchés de la même manière. C’est toute la région qui risque ainsi d’être transformée en cul-de-sac. Selon l’AASFC, près d’une centaine de personnes en moyenne chaque jour passe la frontière à Morses Lines.
Les autorités américaines ont fait connaître en juin dernier leur intention d’entreprendre les procédures visant à fermer le poste de Morses Lines au Vermont. Une importante mobilisation de la communauté des deux côtés de la frontière tente de faire reculer la Custom and Border Protection Agency. Déjà plus de mille signatures ont été recueillies pour une pétition et des résolutions ont été adoptées par les municipalités des deux côtés de la frontière.
La diminution des heures d’ouverture prévue par l’ASFC a pour effet de couper l’herbe sous le pied de notre communauté. Sans trop savoir de quoi il en retourne, le fédéral intervient en appui aux restrictions à la frontière alors que nous lui demandons exactement le contraire.
Dans les semaines qui viennent, nous devons nous appliquer à démonter à quel point la fluidité de la circulation et le caractère pratique des procédures douanières sont essentiels au développement de notre communauté. Notre territoire possède une histoire, des intérêts culturels et économiques de même qu’une écologie commune. Rappelons que, sous le régime français, la seigneurie à laquelle notre village doit son nom s’étendait jusqu’à St-Alban au sud, et Enosbourg Falls à l’est.
Saint-Armand a été la porte d’entrée pour la colonisation des Cantons-de-l’Est. Les familles canadiennes-françaises qui, plus tard, sont venues prendre le relais ont souvent continué au sud de la frontière. Nous avons tous quelques cousins américains. Encore aujourd’hui, plusieurs concitoyens québécois travaillent de l’autre côté ou y ont de la famille ; il s’agit d’une destination familiale, il s’agit d’une destination normale pour le commerce, les activités culturelles, les loisirs ou même simple promenade.
L’ancienne seigneurie couvre une bonne partie du bassin de la baie Missiquoi. Le sauvetage du poste de douane demandera une mobilisation de toute la population du territoire, qu’elle soit américaine ou québécoise.
Au cours des dernières années, l’accessibilité de la frontière a constitué une véritable assurance pour les agriculteurs québécois et américains. Fermer la frontière viendra aussi mettre un frein au travail de développement touristique qui se fait actuellement de concert entre les Vermontois et les Québécois, et auquel participe d’ailleurs le maire Pelletier. La frontière est le plus grand atout de Saint-Armand. Sans elle, notre région ne serait qu’un autre cul-de-sac de l’arrière-pays. La frontière doit rester ouverte. Il s’agit d’un service public de premier plan.