Paysage numérique

Maïte Samuel-Leduc, Graffici, Gaspésie, septembre 2010

Au Musée de la Gaspésie à Gaspé, l’artiste peintre Gil Pître présente son exposition Nature inconnue. Explorant divers médiums, l’artiste a rassemblé 16 œuvres qui témoignent de plusieurs années de recherche et de réflexion sur le rapport entre l’homme et son environnement.

Depuis son retour à Gaspé en 2001, Gil Pître désirait partager sa passion avec le public. « Ça faisait longtemps que j’avais le goût de montrer mon travail. J’avais beau expliquer ce que je faisais, c’est dur de comprendre. Je suis un artiste peintre paysagiste, j’essaie d’exprimer la sensibilité dans la peinture », explique-t-il.

La première des deux salles d’exposition est celle qui relate la démarche de Gil Pître. Chaque mur représente une période correspondant aux principales étapes du parcours artistique de l’artiste de Barachois. La première période, avec ses grands tableaux colorés, représente la mer intérieure, une mer de feu, décrit-il. « C’est un premier rapport à la nature, un support à l’expression lyrique et émotive. C’est un désir de dire les choses, le désir de parler du pays », explique l’artiste.

C’est dans la deuxième salle que le visiteur peut observer le fruit de recherches de Gil Pître. Depuis plus de dix ans, l’artiste explore l’art par le numérique. Ses toiles ne sont donc pas créées à coup de pinceau, mais à coup de clics de souris. « J’ai toujours travaillé les éléments à partir de la matière, mais ici, je travaille le numérique. Même si je change le médium, je cherche avec une préoccupation pour la matière. Un peu comme le musicien : il y a toujours la note, mais s’il veut aller plus loin, il peut changer d’instrument », illustre-t-il.

La deuxième salle est selon l’artiste plus difficile d’accès et demande au visiteur plus de temps de contemplation. Imprimées à l’atelier Sagamie, qui se spécialise dans le numérique, les œuvres de M. Pître sont colorées et ont un rapport troublant avec le folklore. Les couleurs vives s’alignent sur des toiles immenses, telles des suites de pixel regardées de très près. Dans ces dédales de couleurs, on distingue parfois le reflet du soleil sur l’eau ou les agencements d’une courtepointe.

Et il y a l’œuvre qu’il considère comme son œuvre ultime, « ce que j’ai fait de mieux dans la vie », dit-il. Trois énormes toiles, reflétées sur le plancher spécialement ciré pour l’occasion, où miroite un rayonnement de couleurs chaudes et froides à la fois. « La toile demande une transcendance de la part du spectateur. Pour lui donner une valeur affective, émotionnelle et culturelle », souligne-t-il.
 

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