Notre patrimoine religieux

Gilbert Bournival, Le Stéphanois, Saint-Étienne-des-Grès, septembre 2010

J’ai glané des idées et cherché ce qui se fait ailleurs pour utiliser et préserver les immeubles payés par les offrandes des citoyens. Voici des orientations et des résultats qui donnent à penser.

Orientations
 

Mario Dufour, président de la Commission des biens culturels du Québec, propose une prise en charge locale des églises et une concertation des acteurs en vue de développer un régime de propriété élargi aux citoyens, non aux seuls catholiques pratiquants. Au Québec, avant 1960, les Églises catholiques, protestantes et juives avaient en charges les services de l’éducation, de la santé, des services sociaux et tenaient les registres civils. Actuellement, les célébrations de naissance, de mariage et d’inhumation sont civiles et les enregistrements de ces passages sont faits par l’État. La société civile a racheté nos hôpitaux, nos écoles. Il reste nos églises, presbytère et cimetières. Faudrait-il les racheter ?

Luc Noppen, professeur au Département d’études urbaines et touristiques de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), propose de trouver de nouveaux usages à tous les bâtiments religieux. Cette démarche exigerait une prise en charge des églises par les municipalités. Selon lui, le gouvernement du Québec étudie actuellement cette proposition qui s’inspire du modèle européen. Ainsi, en France, la République possède toutes les cathédrales, alors que les églises, elles appartiennent aux municipalités ou communes. D’abord, instaurer un nouveau régime de propriété et ensuite de nouveaux usages.
 

Des actions
 

Ville de Saguenay a été la première municipalité à utiliser à grande échelle les outils réglementaires de la Loi sur l’aménagement et l’urbanisme pour protéger ses églises. Cette action s’est faite en partenariat avec les paroisses et le diocèse. En février 2006, le conseil municipal de St-Ambroise de Kildare demandait à la MRC de Joliette d’inclure à son schéma d’aménagement « comme étant d’un grand intérêt historique et patrimonial le quadrilatère incluant le presbytère, l’église et le cimetière ». Le mois suivant, le même conseil achetait le presbytère et le garage pour 10 000 $ avec une subvention du pacte rural de la MRC de Joliette. La municipalité s’engageait à chauffer et éclairer l’édifice et à mettre gratuitement les locaux au service de la paroisse et des organismes communautaires sur réservation. À Dechambault, le couvent des Sœurs a été déclaré bien culturel, le presbytère a été transformé en centre culturel. À Québec, La compagnie du cimetière St-Charles administre le cimetière au nom des 19 fabriques de la région. À Lévis St-Romauld, les fabriques ont formé une corporation d’administrateurs choisis pour leur compétence. Cette corporation s’est associée à la Coopérative funéraire des deux rives pour former le Centre funéraire d’Aubigny. Tous les citoyens, sans distinction de religion, se font inhumer ou incinérer et déposer dans ce cimetière. Le service d’un cimetière est un service public sans égard à la religion. Le cimetière du Père Lachaise à Paris est un des plus célèbre au monde. C’est le premier cimetière laïc avec crématorium et columbarium, fondé par Napoléon en 1804. Le Nouvelliste de 9 août nous informe que les églises de Batiscan et de St-Prosper serviront de salon funéraire à partir de l’automne.
 

Pistes de réflexion pour les Stéphanois
 

Pris en main par les citoyens, ces édifices peuvent servir à d’autres usages que ceux du culte religieux catholique. D’autres dénominations religieuses pourraient l’utiliser. Pourraient s’y tenir des réceptions, expositions, réunions de citoyens, salle de conférences, de musique et de concerts, bibliothèques, etc. Sans doute, faudrait-il y faire des aménagements pour plus de mobilité, comme remplacer les bancs par chaises, et remplacer certains éléments décoratifs, etc.

On pourrait penser à une association de la fabrique et de la municipalité pour fonder une corporation du cimetière stéphanois. Les administrateurs seraient choisis parmi un bassin plus grand de population, nommés pour leur compétence, non pour leur pratique religieuse. Ils dresseraient un plan d’affaires crédible, rentable et adapté par les citoyens. Le trop-perçu de l’administration du cimetière pourrait servir à la préservation et à l’utilisation du patrimoine local.

Les Stéphanois ont à trouver la solution la meilleure, conforme à leurs besoins et moyens, conforme aussi à leurs goûts de continuer des services religieux sur place et de préserver un patrimoine de qualité dans des édifices ouverts et utiles. « Du choc des idées jaillit la lumière ».

 

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