Feux de forêt : Les Attikamekws y ont gouté

Chantal Potvin, Innuvelle, Sept-Îles, juillet 2010

Les feux de forêt en Haute-Mauricie ont causé bien des ennuis aux communautés d’Obedjiwan, Manawan et surtout Wemotaci. Innuvelle dresse un bilan des événements qui auraient pu causer de bien pires dommages. Située à une centaine de kilomètres de La Tuque, Wemotaci fut vraiment la communauté la plus affectée. Du 26 mai au 5 juin, 1 337 personnes ont dû être évacuées vers La Tuque, où la Croix-Rouge a supervisé les opérations. La plupart des évacués ont trouvé refuge à l’école Champagnat et d’autres sont allés vivre chez la famille ou des amis.

À leur retour, seulement après la maîtrise totale des feux, la désolation autour du village les attendait. En tout, plus de 21 000 hectares de forêt avaient brûlé. C’est pratiquement un miracle que les maisons soient intactes, compte tenu de la proximité des incendies. « C’est désolant de voir tous les arbres noircis dans la montagne. Cependant, on était bien pendant 11 jours, malgré les circonstances », a raconté Laurettte Boucher, responsable des informations à Wemotaci, lors de la réintégration.

Les résidants ont pu emprunter en toute sécurité la route entre La Tuque et Wemotaci. Plusieurs intervenants ont accompagné, avec leur voiture ou en autobus, les gens de la communauté lors du retour, afin d’établir une logistique et s’assurer de préserver la santé des gens. Surtout il fallait voir à la salubrité des aliments. Un manque d’électricité, provoqué par le feu de forêt, a donné du fil à retordre à Hydro Québec, car une trentaine de poteaux, situés entre Wemotaci et Chute-Allard, ont été touchés. En attendant leur remplacement, dans un secteur difficile d’accès, une génératrice de 800 kW a pris la relève. À cause de ce long manque d’électricité, tout ce que contenaient les réfrigérateurs et les congélateurs a été perdu.

Une miraculeuse petite croix, encore étonnamment blanche, plantée près du village, aura fait le tour des médias du pays. Désormais aussi symbolique que la petite maison blanche du Saguenay, épargnée lors du Déluge de 1966, la croix n’a pas été touchée par les femmes, même si tous les arbres et les sols autour d’elle ont été incendiés.

Pendant ce séjour obligé de dix jours, les organismes se sont activés pour désennuyer les gens de Wemotaci. Le Centre d’amitié autochtone de La Tuque a présenté un spectacle de solidarité, le soir du 5 juin. Hormis les célèbres chanteurs Samian et Florent Vollant, des artistes atikamekws tels que Louis-Philippe Boivin, Pascal Boivin, Arthur Chilton et Sonia Basile ont participé à ce show. « On a veillé tard, ce fut vraiment magique, les centaines de spectateurs sur le site ont apprécié ce spectacle musical de haute qualité », a témoigné Christien Jean, directrice du Centre d’amitié autochtone de La Tuque. « Pendant la semaine, on a organisé un mini pow-wow, un Cercle de partage avec Mary Coon, un cinéma maison avec la Maison des jeunes Niwitcewakan Wapi de Wemotaci, un party pyjamas. On a aussi prêté des locaux pour organiser une pouponnière, fourni le centre d’accès Internet et aidé à servir des repas », a ajouté Mme Jean.

Les gens d’Obedjiwan, quant à eux, n’ont pas eu à subir d’évacuation totale. Toutefois, du 27 mai au 2 juin, 300 personnes ont été évacuées et accueillies à Roberval, notamment les femmes enceintes et les enfants. Pour la communauté de Manawan, 1 000 Atikamekws, soit la moitié de la population, ont dû quitter leur résidence, en plein cœur de la nuit, pour trouver refuge dans leurs familles à Joliette ou au village voisin de Saint-Charles-Borromée. Le Centre récréatif Marcel-Bonin de Joliette en a accueilli 300 d’entre eux. Les femmes enceintes ont été logées dans des hôtels et d’autres, dans les centres d’hébergement du secteur.

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