Agriscar se tourne vers les énergies vertes

Martin Bélanger, L’Horizon, Saint-Éloi, juillet 2010

La meunerie de l’Isle-Verte, appartenant à la coopérative agricole Agriscar, sera transformée en usine de valorisation de la biomasse, ce qui créera une dizaine d’emplois directs. Selon le directeur général M. Martin Gendreau, le changement de vocation pourrait se faire, si tout va bien, d’ici un an.

Cela fait trois ans que la coopérative a entrepris une réflexion sur le changement de vocation de la meunerie. Le manque de relève dans le milieu agricole est la cause de cette remise en question. Dans les années 1960, il y avait 165 000 fermes au Québec. Aujourd’hui, il n’y en a que 30 000 et le nombre va en décroissant. La coopérative prévoit que le nombre de fermes baissera à 10 000 d’ici 2 015 et que 70 % de la production sera faite par 6 000 d’entre elles. Dans le même ordre d’idée, la Coop fédérée gérait 54 meuneries dans les différentes régions du Québec. En 2015, il devrait n’en rester qu’une douzaine.

Selon René Cimon, coordonnateur aux projets spéciaux, à l’innovation et à la croissance chez Agriscar, l’usine de l’Isle-Verte ne fera pas partie du groupe restreint de meuneries, elle sera toujours en activité en 2 015. Celle-ci produit actuellement de la moulée pour animaux de ferme. Cependant, le manque de relève dans le milieu agricole fait en sorte qu’il y a de moins en moins de bêtes à nourrir, ce qui entraîne une baisse de la demande en moulée.

Dans ce contexte, Agriscar se devait de trouver une alternative et d’ajuster son modèle d’affaire dans un marché où le prix prend de plus en plus d’importance. La coopérative a donc eu l’idée audacieuse, avec l’appui de Gaston Deschênes du CLD les Basques, de se lancer dans la production d’énergie verte. Ce marché en émergence entre en compétition avec les énergies fossiles qui sont très polluantes et dont les prix ne cessent d’augmenter. Agriscar est la première coopérative à avoir un projet de production de biomasse parmi le réseau de la Coop fédérée.

La meunerie de l’Isle-Verte produira des granules de bois et, également, d’autres produits de la biomasse. « Selon une étude datant de 1997, il y a 40 000 hectares (100 000 acres) de terres en friche dans le Bas-Saint-Laurent. Celles-ci pourraient servir à établir des cultures énergétiques », a affirmé M. Cimon. Ces cultures sont peu exigeantes et faciles d’entretien. Elles nécessitent donc peu ou pas de pesticides.

La plupart des cultures énergétiques sont des plantes que l’on retrouve à l’état naturel un peu partout en Amérique du Nord comme le panic érigé qui était beaucoup consommé autrefois par les troupeaux de bisons des Prairies. Ces plantes ont la propriété de produire de l’énergie par combustion. Cela demande toutefois une légère transformation en usine.

Agriscar vise à la production de la biomasse mais également à l’approvisionnement de cette matière dans un rayon de 100 km. L’accent est donc mis sur la vente locale, contrairement aux autres producteurs de granules dont 80 % de la production est exportée. « Les gens s’intéressent à ce produit par curiosité. Il y a à peine un an, ils étaient encore très réticents », a déclaré Gaston Deschênes, conseiller aux entreprises pour le CLD. La coopérative se concentrera sur trois marchés : le résiduel, l’institutionnel et l’industriel.

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