Exposition Mayer : Marier la photo numérique et la toile

André Petel, Le Sentier, Saint-Hippolyte, juin 2010

Que faire avec des photos numériques ? Plusieurs ont reçu des cartes de fête ou d’invitation dans lesquelles on insérait une photo. D’autres ont peut-être expérimenté un diaporama gravé sur DVD ou partagé en ligne. Certains s’aventurent à imprimer des calendriers, parfois des albums. Que penser des fonds d’écran pour l’ordinateur, des décalques sur un chandail, des étiquettes de CD personnalisées ? Les Mayer ont choisi une exposition dans une galerie d’art !

Pieter Mayer avait une longue expérience professionnelle de la photo, ayant dirigé une maison de production avec laboratoire. Denise Mayer était la productrice de Pieter au moment de la fondation de celle-ci. C’était l’époque de la pellicule et de la chambre noire. Aujourd’hui, il est retraité et son état de santé limite ses activités. Mais son imagination, toujours vive, a croisé par hasard la photo numérique. Cette exposition nous a permis de partager avec Denise et Pieter Mayer un bilan de leur exploration conjointe. Pieter Mayer se promène sur son terrain, appareil en main, pour découvrir quelques sujets qui attirent son attention : fleurs, insectes, oiseaux, animaux. Avec un boîtier numérique de type «reflex», il capte des clichés. Puis, à l’aide d’un logiciel de classement et de retouche de photos, il classifie le tout pour mieux les retravailler.

Les résultats étonnent derechef par le mode de présentation. Ils ont choisi d’imprimer les oeuvres qu’ils tirent de leur travail. Ils s’éloignent des papiers lustrés conventionnels du monde de la photo et de ceux des revues luxueuses. Ils optent pour des papiers souvent adoptés par les artistes peintres : papier «d’archive», carton texturé, même la toile classique du peintre. Les fleurs qu’ils mettent en évidence sont photographiées selon des angles inusités et sculptées par la lumière du soleil. Les mises en scène : une tige torsadée tient le rôle de vedette tandis que le reste de la corolle, volontairement floue, participe au reste du décor ; un insecte chevauchant un pistil, des feuilles réagissant aux caprices d’une brise suggérée…

C’est un art intimiste. Loin des grandes affiches publicitaires, il rejoint plutôt la discrétion des premiers tableaux de l’école impressionniste. La lumière diffuse de ces images  imprimées et encadrées sollicite notre œil à la façon d’un tableau. Ce qui importe, c’est moins ce que l’image dit que ce que l’on fait dire à l’image.
 

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