Etienne Ménard, Entrée libre, Sherbrooke, mai 2010
Le 12 mai dernier se tenait la conférence de presse pour le lancement de la programmation de la 5e édition du Festival du texte court de Sherbrooke. Les organisateurs ont réservé aux médias une finale des plus théâtrales !
Je suis sur la rue King armé de mon appareil photo et je me fais agripper par un homme qui me bouscule contre la fenêtre d’Art Focus au centre-ville. Cet homme, comme une vingtaine d’autres personnes, s’écroulent sur le trottoir et m’emmène malgré moi dans son sillage. Écrasé au sol et soudainement atteint d’un malaise cardiaque, je ressens la négligence que j’ai fait subir à mes artères. La violence des spasmes me rappelle le gras transe de la pollution automobile, le fast food esthétique du béton armé, la haute teneur en sodium de la pollution urbaine et les sourires jamais répondus de la caissière qui me vend mes cigarettes. Pendant que ma vue s’estompe j’entends un homme qui hurle : « Appelez un médecin ! L’Art se meurt ! »
Cet après-midi, j’aurais pu mourir. Depuis ce moment je ressens en moi, dans le paysage et dans la société, une carence en art sous toutes ses formes. Bien heureusement, il y a encore des irréductibles, qui de leur propre chef, veulent ramener l’Art dans le paysage urbain.
C’est la mission que se sont donnée les artisans et artisanes du Festival du texte court de Sherbrooke : amener les arts, les genres, les cultures et les générations à se côtoyer. « Il s’agit d’un festival littéraire ouvert à toutes les formes brèves (poésie, conte, nouvelle, chanson etc.). qui s’est donné comme objectif de créer des espaces de libres expressions et de développer l’intérêt populaire pour la littérature », me dit le papier qu’on m’a remis suite à mon attaque cardiaque.
Il m’explique que c’est sous le thème d’Artères que la 5e édition du Festival du texte court redonne un souffle d’humanité, une chaleur au cœur trop souvent froid de la ville Sherbrooke. Du 27 au 30 mai le festival attire l’attention des foules sur des événements participatifs et centrés sur l’oralité, dans des lieux non-conventionnels tels que le Tremplin 16-30, Art Focus, le Salon de thé l’Arbre Palabres, le Club de boxe de Sherbrooke et la boutique Sang % Gothik. Ces événements variés comme, entre autres, la Finale locale de slam, le spectacle Transfusion, Réclame ta rue ! et Pulsion, le combat ultime de la parole ne sont que quelques artères parmi bien d’autres qui convergent vers le cœur du festival.
L’Art est-il mort ? Je ne crois pas. Il reste de la vie dans ses artères urbaines ! Il reste de l’humanité dans la mal-bouffe sociale ! Il reste de l’espoir dans la créativité ! Il reste encore des gens écœurés de se mettre les pieds dans la merde de média-de-masse qui inondent nos trottoirs !