Chantale Potvin, Innuvelle, Sept-Îles, juin 2010
Le 20 mai dernier, la Journée interculturelle, événement unique tenu dans un cadre scolaire au Québec, a permis à 800 élèves de l’école Cité étudiante de Roberval d’apprivoiser la culture des Premières Nations.
Les deux organisatrices de l’événement sont Josée-Ann Langlais et Mikonis Awashish, elle-même innue. Travaillant sur ce projet depuis le novembre 2009, ces deux élèves de 5e secondaire ont relevé tout un défi. « Nous avons réalisé ce projet dans le cadre de notre cours de Projet intégrateur. Notre enseignant, Dany Pilote, nous a suggéré de relancer la 2e édition. Nous sommes très fières de placer la culture autochtone sur le tapis rouge », ont déclaré en chœur les deux étudiantes.
Clifford Moar, ancien chef de la communauté de Mashteuiatsh, qui brigue les suffrages aux élections du 31 mai 2010, était présent à titre de conférencier pour la journée. « On sait peu de chose des Autochtones, on ignore leur histoire. Je cite en exemple le fait qu’il était interdit aux Blancs d’entrer sans autorisation dans les réserves jusqu’en 1951. Il faut intéresser les gens à la base, dès leur jeune âge. Je suis souvent allé donner des ateliers dans les écoles de Blancs. Ce qui me surprend toujours, c’est de savoir que les parents des jeunes, comme ici, à Roberval, ne sont jamais entrés dans les communautés, pourtant juste à côté d’eux », a témoigné Clifford Moar.
Les jeunes, de la 1er à la 5e secondaire, qui déambulaient parmi les kiosques questionnaient, se surprenaient, goûtaient. Une chose est sûre, ils étaient tous contents de leur journée. Au kiosque du parc sacré de Mashteuiatsh, il y avait foule. « On fait déguster deux sortes de tisanes, en expliquant les activités et les produits vendus au Parc Sacré. On parle par exemple des types de plantes médicinales de la forêt », a expliqué Mendy Bossum-Launière qui travaille au Parc Sacré.
Elle a ajouté que les jeunes étaient très curieux et posaient beaucoup de questions. « Plusieurs ne savaient pas que les tisanes pouvaient aussi être servies froides. Une journée comme celle-là est unique. C’est rare que nous, les Autochtones, nous déplacions les gens pour partager notre culture », a renchéri Mme Bossum-Launière. La journée était bien garnie : kiosques explicatifs, conférencier, artisanat, perlage, bijoux, art, etc.
« Tous les élèves de notre école sont satisfaits de la journée. Ils ont vibré pendant un instant au rythme de la culture autochtone. Moi aussi, je dis que cet événement devrait se vivre ailleurs. C’est un excellent moyen pour valoriser notre culture », a témoigné la jeune Innue, organisatrice du projet, Mikonis Awashish.
La Journée a été organisée dans un cadre scolaire. Toutefois, les jeunes filles ont eu besoin d’aide. François Buckell, organisateur communautaire de Mashteuiatsh, a donné un coup de pouce aux deux jeunes femmes pour la réalisation de l’événement. Il insiste : « C’est beaucoup de travail, mais quand on sait échelonner les tâches sur une année scolaire, ça en vaut vraiment la peine. Il est pertinent de dire que cette Journée interculturelle devrait être organisée dans davantage d’écoles au Québec, surtout les écoles situées à proximité des communautés », a conclu François Buckell.