Couscous Comedy Show : Spectacle dans l’assiette et sur scène

Christine Berger, L’Itinéraire, Montréal, le 15 mai 2010

« Il y a de bonnes soirées partout, mais la mienne est inégalée ; J’ai envie de la critiquer, mais elle est trop parfaite », s’encense, le sourire fendu, Farès Makideche, créateur du Couscous Comedy Show, spectacle de variétés présenté chaque lundi aux Bobards.

Fraès Makediche, alias Uncle Fofi, est amoureux. D’abord de l’humour burlesque, absurde et engagé, ensuite de couscous. Chaque semaine depuis un an, il cuisine une quantité phénoménale de couscous pour ceux qui viennent au spectacle qu’il anime. « Vraiment, le couscous constitue 50 % du spectacle, estime-t-il. Les gens viennent rire mais on leur précise bien qu’ils doivent venir le ventre vide. Ils viennent magigoler, bouffgoler ou rigolanger. » Comédien, Uncle Fofi considère avoir le droit d’inventer de nouveau verbes.

« Je viens d’abord ici pour m’éclater ! » s’exclame habitué du Couscous Comedy Show. Soutenu par une équipe de bénévoles dévoués, le Couscous Comedy Show a acquis une certaine réputation auprès des humoristes de la métropole. Jérémy Demay, Fabrice Éboué, Jérôme Le Banner, Renaud Lefort, Neev et Extrême Fis performent à l’occasion sur la petite scène du bar Les Bobards. « Au début, les humoristes de Juste pour rire venaient pour tester leurs gags, raconte Farès Mekideche. Maintenant, au niveau où est rendu show, ils ne viennent plus pour essayer, ils viennent travailler quelque chose dans le but de jouer au théâtre St-Denis. » La plupart des prestations sont humoristiques, mais il n’est pas rare que des musiciens ou des poètes leur fassent apparition au Couscous Comedy Show.

Le concept du Couscous Comedy Show, unique à Montréal, repose sur un objectif de partage de l’art. Sur scène comme devant, la présence est multiethnique et intergénérationnelle. Claudette Blackburn, alias Grand-Mère Méluzine dite KloKlo a présenté à trois reprises ses compositions de rap au spectacle de Farès Mekideche. « Rapper au Couscous Comedy Show est la plus belle opportunité qui m’a été donnée, s’enflamme-t-elle. À 62 ans, j’étais la plus vieille de mes cours à l’école du Show-business. C’est Farès qui m’a donné ma chance. J’adore son sens d’humour. » Du côté des humoristes comme des bénévoles, le son de cloche est le même : Farès Mekideche est un rassembleur.

D’origine algérienne et ayant vécu en France, Farès Mekideche habite le Québec depuis six ans et monte sur scène depuis cinq ans. Il se définit comme un déconneur public. « J’aime bien divertir, j’aime bien faire à bouffer, raconte-t-il. Pendant cinq ans je faisais des couscous chez moi, j’ai remarqué la chimie que ça créait, il y avait toujours plus d’invités que prévu. » De fil en aiguille, séduit par le pouvoir du couscous, Farès décide de rentabiliser sa passion culinaire. « À un moment donné, j’ai commencé à vendre du couscous congelé à partir de chez moi. On livrait le FofiCouscous dans la Couscousmobile. On a vendu 400 couscous en un mois. On a arrêté parce que c’était blasant », poursuit-il. La Couscousmobile ? « Je l’appelle ma voiture jetable, c’est une Jetta 1993, tu peux noter que je suis allé à KeyWest et à Chicago avec elle !

Pour jumeler la scène et sa ferveur du couscous, et parce qu’il ne veut pas juste devenir un humoriste de plus, Farès Mekideche est devenu producteur d’un spectacle au langage universel, celui de la folie et de l’excentricité. « Si tu aimes la cordonnerie de chausseurs de ski, pour moi c’est un peu le même principe, résume-t-il. Ça marche moins bien si tu aimes les hamburgers et le caca ; tu ne peux pas cuisiner des hamburgers de caca. » Déconneur public.

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