Chantal Turcotte, L’Écho de Cantley, mai 2010
De visu, je dirais qu'il y avait, ce soir-là, autant de personnes sur la scène que dans la salle. Pour divertir la compagnie, des violoneux, des calleux, des gratteux de toutes sortes, de la guitare au banjo, une claviériste. Pour prendre part à la soirée dansante, des jeunes et des moins jeunes, de Cantley et des environs.
J’étais persuadée que « ça ne lèverait pas », comme dirait mon frère musicien. Je croyais que les gens, trop peu nombreux, resteraient assis, par timidité. Je me disais que le lieu le gymnase de l'école de la Rose-des-Vents n'avait rien d'inspirant, même si les organisateurs avaient fait beaucoup pour créer une ambiance, et que l'enthousiasme ne serait pas au rendez-vous.
C'était sous-estimer la capacité des Violons en fête de nous mettre le rythme au corps et aux pieds. Dès le début, huit couples ont brisé la glace : étoile, main gauche, main droite, étoile au coin, une petite promenade, la compagnie était « ben mêlée » et suivait comme elle pouvait. À la deuxième danse, la compagnie avait l'air encore à ne pas trop savoir où donner de la tête, mais on sentait que ça s'en venait.
De valses en sets carrés, la salle s'est réchauffée. Les cœurs également, aussi en fête que les violons. Il fallait voir ça : les faux pas, les excuses, les rires, les accolades et tout ce plaisir d'être ensemble, comme si on était dans le bon vieux temps.
Une jeune fille, Sandrine Meunier, de l'école de la Sablière, a même proposé de nous faire la démonstration de ses talents en danse. Après les présentations d'usage, elle s'est élancée sur la piste et a impressionné le public par son naturel et son aplomb. Elle m'a confié, par la suite, n'avoir jamais suivi de cours, et mon p’tit doigt me dit que nous la reverrons danser un jour sur une scène quelque part…
Ces violoneux bénévoles (une centaine, lorsque tous réunis) tiennent des soirées dansantes pour amasser des fonds au profit d'organismes communautaires de la région. Certains d'entre eux, m'a raconté Raymond Proulx, un des premiers membres des Violons en fête, jouent avec des violons qu'ils ont fabriqués eux-mêmes après avoir suivi un cours de lutherie.