Chantal Potvin, Innuvelle, Sept-Îles, avril 2010
La compagnie de théâtre autochtone Aataentsic Masques et Théâtre, dirigée par Sylvie-Anne Siouï Trudel, poète et professeure d’art dramatique, sillonne les écoles et plusieurs autres endroits en laissant des marques indélébiles et profondément respectueuses envers la culture et l’histoire des Premières Nations.
Fondée en 1981 et dirigée par la Huronne-Wendat Sylvie-Anne Siouï Trudel, Aataentsic (nom que les Wendats ont donné à la Femme tombée du ciel sur le dos de la Grande Tortue pour donner naissance au monde des humains) s’active à créer une nouvelle dramaturgie par l’utilisation des masques, de marionnettes et d’une gestuelle particulière. Aataentsic est une compagnie de théâtre sans but lucratif, œuvrant au développement du théâtre de création en milieu autochtone, par l’entremise de différents organismes culturels, muséaux et scolaires.
Ainsi, après Montréal, la Belgique, la France et plusieurs festivals, Mme Siouï-Trudel s’est avantageusement fait connaître auprès des jeunes Amérindiens du Québec par le biais de projets scolaires au sein des communautés, notamment à Mingan, Obedjiwan et Pikogan. Par ses interventions pédagogiques, elle enseigne aux jeunes Autochtones l’expression dramatique, plusieurs styles de théâtre, l’écriture, le montage, la théâtralisation du conte et de la poésie, la fabrication et la manipulation des marionnettes. Elle expose également des masques raphia, de maïs et de jute utilisés dans ses pièces de théâtre.
Depuis son enfance, la dramaturge a toujours aimé le théâtre, l’art, le conte et la poésie. Elle a d’ailleurs fait des études en art dramatique à l’UQAM. Soucieuse de mettre en valeur les origines et la culture de son peuple, elle a produit une quarantaine de créations dramatiques, des performances, des spectacles poétiques, d’animation et de courtes pièces d’intervention sociale. « Notre théâtre est basé sur les rythmes et la danse des gens des Premières Nations. Nous avons aussi un volet enseignement très important. Nous souhaitons que les gens comprennent que nous étions là déjà même sur les territoires précambriens. Je retourne l’histoire. Je ne peux pas dire que mes créations ne sont pas uniques mais c’est très particulier », a déclaré Mme Siouï-Trudel.
Elle renchérit en expliquant que son théâtre ne s’attarde nullement aux problématiques vécues au sein des Premières Nations, comme l’alcoolisme. « J’essaie, la plupart du temps, d’être positive, il ne sert à rien de parler toujours des malheurs », a-t-elle ajouté. Elle a toutefois abordé le sujet des problèmes familiaux causés par les loteries et le bingo dans la pièce Bingo bird qui a été vue par un nombreux public.
L’identité, les femmes iroquoises, la perte de la langue, etc., les sujets de ses créations sont variés. Par exemple, la pièce Okwen du’wen Atakiak ou Ainsi parlaient les ancêtres explique la place des aînés. « Dans cette pièce, on reconstruit un monde, on revisite une légende en proposant comme repère, l’inukshuk qui se construit.